Tous deux avaient fait le trajet en taxi collectif. Le parquet de Cayenne a ouvert mardi une enquête pour disparition inquiétante après la fugue de deux enfants d’une même fratrie à leur arrivée vendredi soir au domicile d’une famille d’accueil à Maripasoula en Guyane . Âgés de 13 et 11 ans, ils avaient été retirés à leur famille plus tôt vendredi après le signalement d’un médecin faisant état « de sévices graves (…), de privations alimentaires, menaces et négligences ». Une enquête a été ouverte pour violences habituelles sur mineurs de 15 ans, a précisé le parquet. La famille réside dans la commune de Papaichton, dans l’Ouest guyanais, une commune isolée le long du fleuve Maroni , qui marque la frontière avec le Suriname non reliée au réseau routier du littoral. Prise en charge par l’ASE Faisant l’objet d’une ordonnance de placement provisoire, les deux enfants avaient été pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance (ASE) qui dépend de la collectivité territoriale de Guyane (CTG). « Une solution d’accueil familial transitoire a été identifiée », a expliqué la CTG dans un communiqué, évoquant la famille d’accueil à Maripasoula, commune située à environ 35 km de Papaichton par une piste traversant la forêt, le seul axe carrossable desservant cette commune. Les deux enfants ont fait le trajet en taxi collectif qui fait la liaison entre les deux communes isolées, « sans en référer à l’autorité judiciaire », a souligné le parquet. Mais la CTG a affirmé qu’un « accord tripartite entre l’ASE, l’assistant familial et la gendarmerie », avait été trouvé pour que les enfants effectuent ce trajet en taxi collectif, à l’arrivée duquel ils se sont donc enfuis. Fuite vers le Suriname ? Quelque 24 gendarmes et une brigade cynophiles sont mobilisés pour les recherches. Les enquêteurs se sont assuré l’aide des chefs coutumiers sur les deux rives du Maroni. Une fuite vers le Suriname n’est pas écartée, a indiqué une source proche du dossier. « La décision de justice laisse entendre qu’il y avait urgence (…), on les a donc fourrés dans un taxi collectif », a dénoncé l’ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira dans un communiqué. « C’est ainsi qu’on procède avec la population de la vallée du Maroni », s’est-elle émue.