« J’ai dû laver les vêtements avec des bouteilles d’eau » : une semaine presque sans eau dans un immeuble d’Évry

Finalement, l’enfer, ce n’est ni les autres, ni un désert fumant de cratères en éruption. Non, l’enfer, c’est ça : « Une semaine sans eau , et le bailleur qui ne nous répond pas ! Je n’ose pas imaginer pour les personnes âgées ou les enfants », s’insurge Maryvonne, 56 ans, habitante d’une barre d’immeuble située rue du Bonhomme-en-Pierre, à Évry-Courcouronnes. Car depuis le 8 décembre, tous ses résidents ont vu la pression de leur eau se réduire à un mince filet d’eau chaude. Une situation rétablie seulement ce mardi matin quand nous nous sommes rendus à la rencontre de ces malheureux, qui ne décolèrent pas. « Je ne comprends pas qu’on puisse laisser les gens une semaine sans eau », continue Maryvonne, qui a contacté le bailleur de l’immeuble, Essonne Habitat. « Mais comme ils sous-traitent, le monsieur qui est arrivé vendredi dernier a déclaré qu’il n’avait accès à rien. Il a juste encore davantage coupé l’eau. Avant, on avait un petit filet d’eau chaude. Après, quand on en avait, elle était froide. » Une toilette de chat Et là, c’est la pagaille : c’est le week-end et les habitants ne peuvent plus joindre leur bailleur pour obtenir de l’aide. « C’était le système D », résume Nathalie (le prénom a été changé) . Exit la machine à laver, le lave-vaisselle, la douche : « J’ai dû laver les vêtements avec des bouteilles d’eau », témoigne cette maman d’une petite fille de 4 ans. « On a fait le nécessaire pour qu’elle ne réalise pas qu’il y avait un problème. On a fait la toilette de chat , c’est-à-dire avec des gants. Ça l’amusait plus qu’autre chose, elle ne s’est pas demandé pourquoi on faisait ça. Heureusement, nous, on avait l’eau des toilettes qui fonctionnait, sinon, c’était une catastrophe. » Pour une autre maman, c’est dans le garage de son mari qu’elle a pu trouver une douche de fortune : « Mais ma fille a pu aussi le faire chez des amis, sinon ce n’était pas terrible. Autrement, une semaine sans se laver, je vous laisse imaginer les cheveux… » « Le sentiment d’être abandonné » Finalement, les mines rencontrées sont plutôt détendues ce mardi matin. « C’était une expérience, un peu comme du camping, mais il ne fallait pas être malade », confie avec un sourire mi-gêné, mi-amusé, une autre habitante chez qui l’eau des toilettes avait aussi disparu. Ce qui ne l’empêche pas la colère. « On l’était tous. Pour ma part, j’ai envoyé quatre mails au bailleur, j’attends des réponses. J’espère que ça sera déduit du loyer, parce que c’est quand même des charges qu’on paie ! », rapporte une autre locataire. « On a eu le sentiment d’être abandonné, appuie Maryvonne. Ils savaient qu’on n’avait plus d’eau, et le week-end, ils sont restés sans rien faire. Par contre, ça n’a pas empêché qu’il y ait des ouvriers, un samedi matin, pour refaire la loge du gardien. C’est deux poids, deux mesures. » « Quelqu’un bidouille le réducteur de pression » Contacté, Essonne Habitat confirme un incident signalé dès le mardi 9 décembre. Selon le bailleur social, « dès le lendemain », un de ses employés s’est rendu sur place et a constaté un problème de pression. Jeudi, un plombier s’est déplacé et a effectué un devis, signé dans la foulée. La fin des problèmes ? Que nenni. L’intervention a dû être décalée, une vanne hors service appartenant à Grand Paris Sud. Essonne Habitat dit avoir a eu son accord trop tardif pour pouvoir intervenir avant le week-end . « Nous sommes donc intervenus le matin du lundi 15 décembre, précise Pascale De Morel directrice juridique chez groupe Essia, auquel appartient Essonne Habitat. Sauf que dès 14 heures, le problème nous était à nouveau signalé. On s’est rendu compte qu’il y avait quelqu’un dans l’immeuble, ou un tiers, qui fermait une vanne après notre arrivée et bidouillait le réducteur de pression. » Un acte malveillant inexpliqué par le bailleur. Pour autant, ce dernier promet qu’il va mettre en place des moyens pour bloquer l’accès à la chaufferie et étudier des moyens pour que la vanne ne soit plus fermée. Une pose de grillage autour de la chaufferie pourrait être envisagée. En espérant que ce soit la dernière fois que les habitants de la rue du Bonhomme-en-Pierre soient obligés de « camper » dans leur propre appartement.