« Il donne l’impression de quelqu’un qui semble vouloir aider mais a tardé, juge une source proche du dossier. C’est quand même lui qui l’a nourrie, et a appelé les secours dans l’objectif qu’elle soit secourue. Mais le timing interroge. » Un homme de 71 ans, habitant à Joinville-le-Pont ( Val-de-Marne ) a été placé en garde à vue ce lundi 15 décembre pour non-assistance à personne en danger. Il est soupçonné d’avoir laissé sa mère par terre, au sol, dans un coin du salon, pendant près d’un mois, sans alerter les secours. Elle est décédée ce lundi. « Comment peut-on faire ça à sa propre mère ? Un décès par négligence ? » Ce riverain du quartier Polangis , non loin des bords de Marne, n’en revient pas en apprenant que le sac mortuaire qu’il a aperçu la veille contenait le corps de sa voisine âgée. Il est particulièrement choqué lorsqu’il découvre les conditions dans lesquelles celle-ci vient de décéder. Âgée de 91 ans, elle aurait donc chuté il y a un mois. « Son fils se serait contenté de lui apporter à manger à même le sol, explique une source policière. Elle aurait fait ses besoins dans le coin du salon où elle se trouvait. » « J’ai vu le corps sortir dans une housse blanche » D’après une autre source policière, elle ne parlait plus depuis deux jours mais respirait toujours. Le calvaire de la victime a pris fin ce lundi 15 décembre. Son fils l’aurait découverte inconsciente à son réveil, vers 7h30, mais serait sorti promener son chien. Ce n’est qu’à 9h44 qu’il se décide à appeler les secours. « Les sapeurs-pompiers et le Samu sont venus dans la rue », confirme une riveraine. Médecins et secouristes constatent alors le décès de la dame. Mais, au vu du contexte, ils décident de prévenir immédiatement la police. « Il y avait notamment la police technique et scientifique, raconte un voisin. Je leur ai demandé si c’était pour un cambriolage. Ils n’ont rien eu le droit de me dire mais ça ne sentait pas bon. J’ai vu ensuite sortir un corps dans une housse blanche… Puis c’est un policier qui a fermé la maison à clé en partant. Il n’y avait donc plus personne à l’intérieur. » Et pour cause : les enquêteurs ont emmené le fils au commissariat de Nogent-sur-Marne pour le placer en garde à vue. Une enquête a été ouverte par le parquet de Créteil pour non-assistance à personne en danger. Selon ses premières déclarations, « le fils de la victime aurait dit aux enquêteurs avoir tenté de la relever », précise une source proche du dossier. Sans succès. Sa garde à vue a été prolongée, « le temps de procéder à des vérifications », indique le parquet. Quant à la victime, son corps a été transporté à l’Institut médico-légal (IML) de Paris, où une autopsie doit avoir lieu ce mardi. Un duo mère-fils taiseux « On ne croisait presque jamais la dame. C’était une femme très âgée », confie cette riveraine. La dernière fois que ses voisins ont aperçu la nonagénaire, « c’était il y a un an, un an et demi ». « Elle taillait peu sa haie », se souvient l’un d’eux. « Elle balayait devant sa maison », ajoute une autre. Le fils, lui, est décrit comme un homme plutôt taiseux. À 73 ans, il avait « les cheveux blancs » et était « souvent vêtu d’un manteau en peau », dépeint un habitant. « Il faisait âgé, se négligeait un peu, estime-t-il. Il sortait son gros chien matin et soir. Et allait faire les courses à pied presque tous les jours. » Les résidents du quartier évoquent un duo solitaire, comme un huis clos entre mère et fils qui s’est terminé tragiquement ce lundi. « Tous deux n’avaient quasiment jamais de visite. » Pas de cris de petits-enfants éventuels dans le jardin, pas d’allées et venues d’amis les week-ends… Seuls quelques aboiements du chien du foyer. Celui-ci a été récupéré lundi soir par une fourrière mandatée par les autorités. En février dernier, un homme de 78 ans avait été condamné à cinq ans de prison avec sursis pour ne pas avoir prodigué de soins à sa fille vulnérable, décédée à 21 ans dans le logement familial de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) . Lui et sa femme, décédée depuis, n’avaient quasiment jamais laissé leur fille quitter le logement pendant une quinzaine d’années.