Arrivé libre ce lundi 15 décembre au tribunal de Senlis ( Oise ) pour être jugé en correctionnelle, un homme de 37 ans est ressorti de la salle d’audience menottes aux poignets en attendant d’être présenté à un juge d’instruction. Les juges ont considéré que la qualification d’agression sexuelle incestueuse n’était peut-être pas la plus adaptée aux faits reprochés. Entre 2009 et 2012, alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, l’individu qui demeurait alors à Pontarmé aurait imposé des attouchements et des fellations à sa propre fille, née en 2007 et âgée de moins de cinq ans au moment des faits. Toxicomane à cette époque, le père a reconnu l’ensemble des faits même s’il n’en conserve pas de réels souvenirs à cause de sa dépendance à la drogue. La jeune victime, tout juste âgée de 18 ans aujourd’hui, a déposé plainte en janvier 2025 pour dénoncer ce qu’elle avait subi étant enfant de la part de son père. « Ce sont bien des viols » « Et ce sont bien des viols, au regard de la loi, qu’elle a dénoncé, rappelle Me Emmanuelle Thiébaut-Gouin, l’avocate de la jeune fille. Elle a le droit d’être considérée comme la victime de faits criminels, qui ne peuvent pas faire l’objet d’une correctionnalisation. » L’avocate rappelle par ailleurs que sa jeune cliente n’a même pas fait l’objet d’une expertise psychiatrique, pour mesurer l’ampleur de son traumatisme. « Que pourrait-on retirer d’une instruction sur des faits aussi anciens, alors qu’il reconnaît les faits ? , s’interroge Me Gabrielle De Loynes, avocate du père. Il a déjà fait une tentative de suicide, rallonger le temps de son jugement fait craindre qu’il ne recommence. » Hébété à la barre, l’homme peine à comprendre le débat juridique qui se noue autour de son cas. « Je suis allé me dénoncer à la gendarmerie en février dernier, mais comme l’affaire était déjà ouverte, ils n’ont pas voulu pendre ma déposition », explique-t-il au tribunal. Après une longue réflexion, les juges ont décidé de la nécessité d’une ouverture d’information judiciaire et renvoyé le dossier au ministère public. Le substitut du procureur a immédiatement sollicité cette ouverture d’information et requis un mandat de dépôt que le tribunal a décerné, le temps que le prévenu soit présenté à un juge d’instruction.