Ils ont admis leur participation aux cambriolages à l’acide, commis lors des étés 2022 et 2023 dans les Hauts-de-Seine puis toute l’Île-de-France. Mais leurs yeux se sont ouverts en grand, au cours de leur procès la semaine dernière à Nanterre, quand le président du tribunal correctionnel les a interrogés sur l’organisation criminelle qui pourrait les avoir pilotés. Face à l’étonnement affiché (ou feint) des prévenus, le magistrat a précisé sa pensée et clairement évoqué les Vor v Zakone , un groupe mafieux de Géorgie. Les casseurs à l’acide ont affirmé n’en avoir jamais entendu parler. La procureur en a douté, évoquant leur appartenance probable aux Vor v Zakone, au moins à une organisation criminelle. Elle a requis des peines de sept à dix ans d’emprisonnement pour les quatre hommes jugés détenus. Des amendes jusqu’à 10 000 euros également prononcées Mafia ou pas, les malfaiteurs n’ont pas dévié de leur ligne de défense, ont assumé la plupart des vols avec effraction reprochés . Vingt-cinq en tout dans cette affaire. Le jugement rendu vendredi condamne deux d’entre eux à des peines de cinq ans d’emprisonnement et 10 000 euros d’amende. Dix-sept cambriolages pour l’un, vingt pour l’autre. Pour huit et neuf casses, les deux autres sont condamnés à quatre ans de prison et 5 000 euros d’amende. Alors que le modus operandi des casseurs à l’acide paraissait inédit il y a trois ans, donc « importé » par l’équipe jugée lors de ce procès, la défense, assurée par Mes Léa Guillaumat et Blandine Weck de Terris, a relevé la présence de Géorgiens en détention provisoire avec leurs clients pour des cambriolages commis de la même manière. Et d’évoquer la centaine de vols avec effraction enregistrés en région parisienne, quand il n’en reste « que » vingt-cinq dans le dossier de leurs clients. Acide nitrique injecté dans la serrure Ces hommes, âgés de 37 à 46 ans, qui se connaissaient pour certains depuis des années, n’étaient jamais venus en France avant la série de casses. Leur méthode innovante se découpe en étapes et repose sur deux produits chimiques : la colle et l’acide. La colle, déposée en filet, entoure la porte des appartements. Quelques heures ou jours plus tard, si la colle n’est pas uniforme autour de la porte, c’est que quelqu’un est entré dans les lieux. Les cambrioleurs passent alors à une autre porte. Quand la colle est intacte, ils déduisent qu’il n’y a personne et injectent alors de l’acide nitrique dans la serrure, à l’aide d’une seringue. Le produit, très corrosif, détruit le métal et il suffit de pousser la porte. Les cambrioleurs ont dérobé bijoux et argent pour un préjudice global qui n’a pas été évalué. Un cinquième homme a comparu dans cette affaire, pour association de malfaiteurs : il a prêté sa voiture à l’un des casseurs, un ami de Géorgie, parrain de son fils. Le tribunal a considéré que cet homme établi depuis douze ans en France, ignorait les activités de son ami et l’a relaxé.