Vue près de 1 milliard de fois et saluée dans le monde entier, la publicité de Noël d’Intermarché « Le mal aimé » a fait fondre des millions de spectateurs. Mais derrière ce succès, un auteur de littérature jeunesse affirme y reconnaître son livre « Un Noël pour le loup ». Thierry Dedieu, écrivain et illustrateur ariégeois, dit avoir été séduit par le film d’animation avant d’être troublé par certaines ressemblances avec son album publié en 2017 aux éditions du Seuil jeunesse. « C’est un loup mal aimé , solitaire, qui tente de se racheter lors d’un repas de Noël. La trame est la même. Et dans les deux récits, le loup rejeté tente de prouver sa bienveillance en préparant un repas sans faire appel aux animaux de la forêt. Donc si là il n’y a pas plagiat, je ne vois pas quand est-ce qu’il y a plagiat », lance-t-il. Deux jours après, l’homme reçoit un email d’une libraire de Metz qui abonde en ce sens : « C’est très proche de votre livre que je suis en train de vendre actuellement. Vous avez participé à ce film ? » La réponse est non. Des choix visuels proches Thierry Dedieu pointe également des choix visuels proches de ses illustrations, comme une longue table dressée au cœur d’une forêt enneigée, éclairée à la bougie. « C’est troublant », confie-t-il, sans pour autant accuser frontalement. En droit, la frontière est toutefois étroite. « Une idée n’est pas protégeable », rappelle Me Vanessa Bouchara, avocate spécialisée en droit des marques et propriété intellectuelle. « Seule l’originalité de la forme, de la structure ou des choix artistiques peut caractériser un plagiat ». « Le graphisme est clairement très loin du graphisme de son livre », avance Christophe Lichtenstein, le directeur de l’agence Romance à l’origine de la campagne. « Par ailleurs, la fin et la morale sont très différentes. Et pour moi il n’y a pas de plans qui se ressemblent. Un loup c’est un loup, un hérisson c’est un hérisson, un arbre, c’est un arbre, la neige c’est de la neige… » « Un récit et un déroulé différents » De son côté, Intermarché regrette « que le succès de cette publicité fasse aujourd’hui l’objet d’une tentative d’appropriation individuelle, visant à en revendiquer l’origine et à en tirer un bénéfice, alors même que le récit et son déroulé sont fondamentalement différents. » Thierry Dedieu, qui a sollicité des explications auprès de l’agence Romance et d’Intermarché, restées sans réponse à ce stade, songe à une éventuelle suite judiciaire. « Je veux surtout comprendre, j’amène des éléments et puis les gens verront… Si on me dit que j’ai tort, bah je retournerai à mes petits crayons. »