« L’Agent secret » : pourquoi il ne faut pas rater ce chef-d’œuvre brésilien bardé de récompenses

Le Brésil, nouvelle terre de chefs-d’œuvre du 7e Art qui séduisent le monde entier ? C’est ce qu’on peut penser à la vision de « L’Agent secret », de Kleber Mendonça Filho, en salles ce mercredi, le film nous parvenant, après un passage remarqué au dernier Festival de Cannes , onze mois après l’extraordinaire « Je suis toujours là » de Walter Salles , qui a remporté l’Oscar du meilleur film étranger en mars dernier. Un exploit que pourrait rééditer « L’Agent secret » ? C’est possible, ne serait-ce que compte tenu des thèmes et des époques très proches des deux films - la dictature militaire au Brésil dans les années 1960 et 70. « L’Agent secret » débute en 1977 sur une époustouflante scène d’ouverture où un homme s’arrête dans une station prendre de l’essence pour sa Coccinelle jaune vif, pas très rassuré de voir débarquer des policiers dans son sillage. Son inquiétude s’explique : Marcelo, qui se rend à Recife pour mener une nouvelle vie auprès de son jeune fils, est un homme au passé trouble. Une fois sur place, il semble à la fois heureux et sans cesse sur ses gardes, car traqué par les militaires, la police, et des tueurs à leur solde. De mystérieuses réunions politique en étranges rendez-vous secrets, la menace se précise. Parallèlement, deux jeunes femmes, qui semblent appartenir à une époque plus moderne, écoutent des conversations enregistrées qui le concernent... De multiples thèmes Plein de suspense et énigmatique jusqu’à ses dernières minutes qui résolvent beaucoup d’interrogations, tout en mélancolie et douceur aussi, « L’Agent secret », vrai-faux film d’espionnage unique en son genre, sidère par son ampleur, la richesse et l’inventivité de sa mise en scène et la qualité de son interprétation. Il brasse une multitude de thèmes : la politique, les désastres engendrés par la dictature, les familles éclatées ou... le cinéma, auquel le réalisateur rend hommage via un magnifique personnage de projectionniste et la volonté du fils du héros de voir « Les Dents de la mer » de Steven Spielberg . Pour ceux qui connaîtraient mal le cinéma de Kleber Mendonça Filho, ce dernier a toujours mélangé les genres et les styles dans ses œuvres, mais ici, c’est à la puissance 10. Notamment via des incursions ahurissantes dans le film de genre, avec une jambe sectionnée douée d’autonomie et un requin qui va prendre toute son importance au cours du récit. Ce film-fleuve fou, immense, doit également beaucoup à la performance époustouflante qu’y livre le comédien Wagner Moura. Adulé au Brésil, son visage vous dira forcément quelque chose puisqu’il est au générique de nombreuses fictions internationales. On l’a ainsi récemment vu dans « Civil War » d’Alex Garland , ou dans les séries « Narcos », « Mr. & Mrs. Smith » et « Shining Girls ». Mais jamais il n’avait atteint ce niveau de jeu, personnifiant toute l’inquiétude d’un peuple pressurisé à travers son interprétation. Un des favoris aux prochains Oscars Si le film ne sort que sept mois après Cannes, où il a fait coup double en étant couronné des prix de la mise en scène et du meilleur interprète masculin, la date semble bien choisie dans la mesure où le cinéaste et son comédien effectuent actuellement une tournée triomphale à travers le monde. Dans tous les festivals, ces deux-là repartent avec des récompenses, tellement qu’on n’arrive plus à les compter. Cela ne semble pas prêt de s’arrêter avec les prestigieuses cérémonies américaines à venir, car le long-métrage va entamer 2026 avec trois nominations prestigieuses aux Golden Globes - film, interprète masculin, film étranger-, tandis qu’il pourrait en récolter au moins autant aux Oscars en mars, où il est donné parmi les favoris. Dans ce contexte, le fait que le film sorte chez nous le même jour que le très attendu nouveau volet d’« Avatar » ne devrait pas forcément le gêner, car il est davantage destiné à un public friand de films d’auteur. Et ceux qui trouveront des salles pleines à cause de l’hystérie autour du long-métrage de James Cameron pourront se reporter sur « L’Agent secret » : ils découvriront une merveille d’espionnage dopée à la fameuse « saudade » brésilienne... La note de la rédaction : 4,5/5 « L’Agent secret » , drame policier brésilien de Kleber Mendonça Filho, avec Wagner Moura, Gabriel Leone, Maria Fernanda Cândido... 2 h 40.