Dans ses 700 m2 d’ateliers de la zone industrielle des Pâtis au Petit-Quevilly (Seine-Maritime), les cartons de peluches et les boîtes de jeu tout juste arrivés attendent d’être pris en main. Ici, chez Kintsu jouets , la spécialité c’est la collecte, la remise en état et la revente de jouets de seconde main . Des mains d’enfant souvent un peu maladroites ou parfois peu soigneuses. Car la matière première, ce sont très majoritairement les dons des particuliers qui pourront peut-être trouver à nouveau une place sous le sapin. Alors évidemment, à quelques jours de Noël, la période – environ 50 % des ventes annuelles – est bien chargée. Un tri très strict « La première étape, c’est évidemment de voir si le jouet est en bon état, s’il n’y a d’arête coupante car un bord est cassé. Et s’il respecte la norme CE qui garantit sa qualité », détaille Carine Bories, la cofondatrice de cette structure d’insertion opérationnelle depuis décembre 2022. « Si ces critères ne sont pas remplis, il part au recyclage ». Le début d’un long chemin avant d’être proposé à la vente. Entre le nettoyage des peluches et des poupons, les réparations en tout genre, le contrôle du nombre de pièces d’un puzzle ou encore de celles de boîtes Lego, un travail de bénédictin attend la quinzaine d’employés qui gère également la gestion des stocks. « Il faut de la patience », assure l’une de ces salariés au parcours parfois chaotique mais qui trouvent ici un nouveau tremplin vers l’emploi. « On s’aide d’internet pour retrouver les notices et en démonte systématiquement les constructions pour vérifier si toutes les briques sont là. Et on a des pièces en stock pour éventuellement les remplacer ». Rare structure normande sur le créneau des objets ludiques de seconde main – une autre vient d’ouvrir à Cherbourg (Manche) - Kintsu jouets est né de l’envie commune de Carine Borie et de Frédéric Lemettais de remettre sur le marché ces milliers d’objets plutôt que de les stocker indéfiniment dans son grenier ou qu’ils finissent à la poubelle via la mise en place d’une entreprise d’insertion. « Il faut arrêter avec la surconsommation » « Ça nous paraissait évident à tous les deux de lancer ce projet pouvant s’adresser à des personnes, des femmes notamment, qui trouveraient du sens à leur travail. C’est valorisant d’acquérir de nouvelles compétences et de faire quelque chose d’utile à la planète tout en procurant du plaisir à ceux qui trouvent leur bonheur chez nous ». Une philosophie partagée par Frédérique et Dominique, un couple de retraités rouennais croisé à la boutique éphémère ouverte depuis la mi-octobre en centre-ville de Rouen avec le concours de la municipalité. « Il faut arrêter avec la surconsommation. A Noël, les petits ne savent même plus avec quoi jouer », s’agace presque Dominique. Eux viennent régulièrement pour un anniversaire ou la période des fêtes. « C’est juste logique. Tous ces jouets ou ces livres peuvent resservir et faire autant plaisir que s’ils étaient neufs ! Et puis, ici, c’est direct. Pas besoin d’envoyer des paquets et de remettre des camions sur les routes », insiste Frédérique. Emmanuelle, qui vient de remplir un sac entier et de dépenser une petite centaine d’euros, est elle surtout intéressée par les prix très attractifs. En moyenne, ils représentent 30 % du prix du neuf. « Je ne connaissais pas l’endroit. C’est une collègue qui m’en a parlé. Franchement, la boutique est très agréable. Parfois, avec des jouets d’occasion, on a un peu peur pour l’hygiène, l’aspect extérieur… Ici, tout est impeccable. Ça donne envie de revenir ». La boutique éphémère, située au 16 de la rue Jeanne-d’Arc à Rouen, ferme ses portes le samedi 20 décembre.