À Saint-Lys, Saiguède et Bonrepos-sur-Aussonnelle, trois villages voisins du sud-ouest de Toulouse ( Haute-Garonne ), l’attaque du maquis de Saint-Lys est gravée dans la pierre depuis 1946. Neuf stèles, érigées en mémoire des neuf résistants tués le 12 juin 1944 par un bataillon de la division SS Das Reich, témoignent de cet épisode marquant au cours duquel furent aussi abattus en représailles douze villageois. Une bande dessinée, réalisée par Gaël Audoye et mise à disposition gratuitement au musée départemental de la Résistance et de la Déportation de la Haute-Garonne, retrace cette histoire tragique pour la première fois. L’illustrateur de 24 ans y raconte les dernières heures de ce maquis initié le 7 juin 1944, au lendemain du débarquement allié en Europe, par les différents chefs de la Résistance toulousaine pour ralentir la progression des troupes allemandes vers la Normandie. Financé par le conseil départemental de la Haute-Garonne, ce projet inédit de BD, enrichi par un cahier historique, a été pensé par l’Amicale du maquis de Saint-Lys et par son président, Jean Micoud, dont le grand-père figure parmi les résistants tués. Un outil de transmission « Ils étaient ouvriers, employés de la mairie de Toulouse, républicains espagnols réfugiés en France… Tous les jours ils allaient travailler et menaient en parallèle des actions de sabotage. Avec l’amicale, nous participons à travers de nombreux événements ou cérémonies, à faire connaître l’engagement personnel, politique, syndical, philosophique de ces héros oubliés, ces soutiers de la gloire comme les appelait Pierre Brossolette. Une bande dessinée qui s’adresse à tous, particulièrement aux jeunes, nous a paru être aussi un bon outil de conservation et de transmission de la mémoire », explique Jean Micoud lors de la présentation de l’ouvrage. Ce petit-fils de résistant, directeur général du comité départemental du tourisme de Haute-Garonne, raconte aussi la découverte des matraques et des poings américains ayant appartenu à son grand-père : « Dans les années 1930-1934, il a figuré parmi les premiers à faire le coup de poing contre les Croix-de-Feu. Son engagement pour défendre les valeurs de la République n’était pas qu’intellectuel ». Le château de Gagen, point de ralliement des résistants À l’appel du colonel Ravanel, de Pierre Degon, dit Bouconne, chef régional des Mouvements unis de la Résistance, de Jean Chaubet, chef départemental de Franc-Tireur ou de Camille Vié, dit Icart, responsable du Comité départemental de la Résistance, Camille Vié, lui et quelque 150 hommes ont rejoint le maquis de Saint-Lys depuis Toulouse à bicyclette ou en train. Le point de ralliement était le château de Gagen, acquis à la Résistance depuis 1942, qui sera détruit par les soldats SS. Le jour de l’attaque, le 12 juin 1944 vers 19 heures, ils n’étaient plus qu’une trentaine sur les lieux, un accrochage la veille à Saint-Lys avec une voiture allemande ayant alerté les chefs du maquis. « J’aurais aimé parler de ce qui s’est passé avant et après l’attaque, notamment des résistants qui ont pu rejoindre d’autres maquis et poursuivre leurs actions mais je n’avais que seize pages, il a fallu faire des choix », témoigne Gaël Audoye qui signe avec « Le maquis de Saint-Lys » sa première édition de commande et sa première œuvre historique. Pour trouver sa matière et construire son scénario, l’illustrateur s’est plongé dans les archives et les écrits de résistants, notamment d’Eugène Viguier, ancien chef local de la France au Combat, qui a survécu à l’attaque du maquis. Il a été accompagné dans la reconstitution graphique de cet événement par Jean Micoud, l’historienne Elérika Leroy du musée départemental de la Résistance et de la déportation et par Soyna Beyron, référente mémoire pour l’Occitanie à l’Office national des combattants et des victimes de guerre.