Le traumatisme est à la hauteur de la violence des actes commis dans la nuit du dimanche 14 au lundi 15 décembre. A Bouilly (Aube), petite commune d’un millier d’habitants, à quelques kilomètres de Troyes, le choc est total quand on parcourt les allées du cimetière. Une soixantaine de tombes ont été vandalisées, des croix arrachées et jetées au sol, des représentations religieuses brisées en plusieurs morceaux… Un spectacle désolant qui a meurtri plusieurs dizaines de familles. Les motivations d’un tel acte ? Probablement récupérer les parties en bronze des sépultures pour pouvoir les revendre par la suite. C’est notamment le cas des statues qui étaient collées aux crucifix. Les malfaiteurs ont pu procéder tranquillement à leurs méfaits puisque le cimetière de la commune, entouré de murs en briques, est situé de l’autre côté de la N 77, l’axe permettant de relier Troyes à Auxerre, et donc complètement à l’écart du village. Des précédents dans le Grand-Est Président de Troyes Champagne Métropole, la communauté de communes dont fait partie Bouilly, François Baroin a réagi dans un communiqué. L’ancien ministre fait ainsi part de sa « totale indignation face à ces actes, ignobles et intolérables. Ce lieu, empreint de mémoire et de respect, mérite, plus que tout autre, d’être préservé pour honorer nos défunts et permettre à leurs proches de se recueillir. » Isabelle Verissimo, la procureure de la République de Troyes, a annoncé l’ouverture d’une enquête. Ces dégradations, sans doute liées à un trafic à grande échelle, ne sont pas une première dans le Grand Est. En avril 2024, quatre membres d’un groupe criminel organisé avaient été interpellés par la brigade de recherches d’Altkirch (Haut-Rhin). « Ensemble, nous devons protéger nos lieux de recueillement » Les vols dans les cimetières avaient débuté en juillet 2023. D’abord dans la circonscription d’Altkirch avant qu’ils ne s’étendent aux départements limitrophes comme le Doubs, le Territoire de Belfort, les Vosges et la Haute-Saône. Plus de 300 victimes avaient été recensées et le préjudice financier estimé à plus de 175 000 euros. Stocké dans le Doubs et le Haut-Rhin, le butin était ensuite trié et les pièces susceptibles d’être vendues prenaient la direction de l’Allemagne. Les faits récents inciteront sans doute les autorités à redoubler de vigilance dans les semaines qui viennent pour éviter une triste loi des séries dans le secteur. « Ensemble nous devons protéger nos lieux de recueillement, chargés d’émotion et de signification pour les familles et la communauté, et garantir en ce sens la dignité, la sérénité et le respect qui leur sont dus », conclut François Baroin. Les personnes ayant des éléments pouvant permettre de faire avancer l’enquête sont invitées à contacter la gendarmerie au 03.25.40.20.04.