ÉDITORIAL. Malgré de nouvelles irrégularités, le Conseil d’Etat genevois a entériné les résultats de l’élection municipale du 30 novembre, après avoir annulé le premier scrutin. L’affaire pourrait relancer le vote «à l’ancienne» Genève respire, mais d’un poumon seulement. Après l’annulation de l’élection de Vernier tenue en mars, le deuxième scrutin, organisé le 30 novembre, devrait enfin aboutir à l’installation du Conseil municipal dans la cinquième ville romande, comme l’a annoncé le gouvernement ce mercredi. Fin de l’histoire? Pas du tout. Le second vote est, lui aussi, entaché de fraudes. Pourquoi annuler dans un cas et valider (sauf recours) dans l’autre? La différence tient à la taille de la triche, si l’on peut dire. Le nombre de bulletins litigieux détectés ne suffirait pas à modifier la répartition des sièges au Municipal verniolan. Les irrégularités ont quand même influé sur la place des candidats au sein de certaines listes. Autrement dit, la fraude a bien eu un impact. Lire aussi: Election à Vernier: malgré de nouvelles fraudes, Genève choisit de publier les résultats du scrutin Le Conseil d’Etat ne dit pas autre chose: il n’entérine pas l’élection de gaieté de cœur, mais après une pesée d’intérêts. Il préfère avaler la couleuvre de ce vote peu orthodoxe que de repartir à zéro et de laisser Vernier sans Conseil municipal. On peut désapprouver cette décision, mais le gouvernement devait choisir entre deux mauvaises solutions. La «réduction» de la fraude d’un vote à l’autre ouvre quand même des questions dérangeantes: le changement est-il dû aux mesures mises en place, à la peur du gendarme ou, plus cyniquement, au fait que les fraudeurs ont appris de leurs erreurs, affiné leur technique… et réussi leur coup? Retour en grâce des bureaux de vote Qu’il y ait ou non un recours, rien ne sera plus comme avant pour la démocratie genevoise. Des changements dans les modalités du vote par correspondance seront indispensables, pour éviter que la perte de confiance ne détourne des urnes une population déjà passablement indifférente à la chose démocratique. Sans préjuger des solutions techniques qui seront proposées, revaloriser les bureaux de vote pourrait contribuer à rétablir la confiance et à réduire l’impact des fraudes potentielles. Malgré les coûts supplémentaires, il faudra probablement étendre à nouveau les horaires d’ouverture des locaux de vote et inciter, par des campagnes d’information, la population à retrouver ses anciennes habitudes, pour rééquilibrer les différents modes d’expression démocratique. Il serait d’ailleurs piquant, à l’ère de la cryptographie et de l’intelligence artificielle, que le remplissage de bulletins derrière un rideau, le dimanche matin dans une salle de gym, devienne le nec plus ultra de la sécurité du vote. Lire également: Après de nouvelles irrégularités «flagrantes», l’élection du Conseil municipal de Vernier est suspendue