Convoquée à l’Assemblée, la présidente de Radio France annonce un outil pour mesurer le « pluralisme » du groupe public

La présidente de Radio France , Sibyle Veil , a défendu le « pluralisme » des antennes du groupe public, mercredi devant les députés, en annonçant la création d’un outil numérique pour le mesurer, consultable jeudi par le grand public. « Je constate une distorsion entre la réalité de ce que nous produisons tous les jours et l’image qui est renvoyée, en ce moment, de l’audiovisuel public », a déploré Sibyle Veil devant la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur la « neutralité » et le « financement » de l’audiovisuel public. Concernant le pluralisme, « sur près d’un demi-million d’heures d’antenne par an, il peut y avoir des erreurs, des épisodes maladroits, ratés », a-t-elle concédé : « Mais une séquence de quelques secondes ou minutes ne sera jamais représentative de la pluralité de nos offres «. « Ce pluralisme, nous souhaitons que chacun puisse le voir en toute transparence » grâce à un « baromètre » rendu public jeudi, a poursuivi Sibyle Veil. Mis au point par les équipes numériques de Radio France, cet outil qui fonctionne grâce à l’intelligence artificielle permet d’analyser les retranscriptions intégrales des contenus de France Inter, franceinfo et France Culture. « Outillés » D’après les premiers résultats de ce baromètre, auxquels l’AFP a eu accès, 1 669 invités ont défilé sur les trois antennes en novembre, parmi lesquels notamment 23 % d’universitaires ou chercheurs, 19 % de journalistes ou éditorialistes, 12 % d’acteurs culturels ou artistiques, 10 % de représentants d’organisations ou associations, 5 % de citoyens ou témoins, ou encore 5 % d’acteurs économiques ou dirigeants d’entreprises. Concernant les thèmes, la politique (19 %), les arts, culture, divertissement et médias (13 %), la société (12 %), l’économie et les finances (12 %) et la criminalité, le droit et la justice (11 %) forment le top 5. L’outil permet également d’entrer dans le détail des propos tenus par les invités sur chaque thème, afin de vérifier un équilibre des propos, a expliqué à l’AFP le directeur adjoint de l’information et responsable de la stratégie numérique de Radio France, Florent Latrive. « Cela nous permet d’être outillés au quotidien pour répondre aux enjeux de pluralisme et pour répondre à une éventuelle saisine de l’Arcom », le régulateur de l’audiovisuel, a-t-il dit. Lors de son audition, le rapporteur de la commission , Charles Alloncle, du parti UDR, allié au RN, a interrogé Sibyle Veil sur une étude publiée par l’Institut Thomas More (libéral conservateur), également à partir de l’intelligence artificielle, et selon laquelle « France Inter et France Culture présentent un ancrage durable à gauche » dans leur traitement des sujets. Sibyle Veil s’est dite « surprise par la méthodologie » de cette étude, la jugeant « très réductrice ». « Cela ne nous paraît pas possible aujourd’hui de ficher et de qualifier les intervenants en fonction d’opinions politiques surtout quand il s’agit d’experts, qui interviennent à l’antenne en n’étant pas des personnalités politiques », a-t-elle dit.