« Nous ne commémorons pas Fanon, nous le continuons! » : le manifeste de Sonko

Par une intervention au Musée des Civilisations noires, Ousmane Sonko a procédé à l’inauguration marquant le centenaire de Frantz Fanon, transformant la cérémonie en manifeste politique pour une « souveraineté totale » de l’Afrique. Cent ans après la naissance du psychiatre et penseur anticolonial martiniquais, Sonko a souligné que sa pensée « demeure intacte, brûlante, indispensable », car « notre siècle n’est pas encore guéri des blessures qu’il avait su nommer ». Le Premier ministre a présenté trois visages de Fanon : le psychiatre de la désaliénation, le théoricien politique de la décolonisation, et l’humaniste visionnaire. Dans son analyse fanonienne, Ousmane Sonko a dénoncé avec force ce qu’il appelle la confiscation des indépendances africaines : « L’indépendance politique n’a pas suffi. Elle a hissé nos drapeaux, mais elle n’a pas libéré nos économies. » Il a évoqué ces élites qui « au lieu d’être une force de libération, sont devenues un relais administratif du colonialisme », dénonce t-il. Le franc CFA dans le viseur Le Premier ministre a directement attaqué le franc CFA, qu’il qualifie d’ « instrument de contrôle » ayant « façonné nos imaginaires économiques ». Il a également critiqué la réforme de l’éco, la jugeant insuffisante : « Changer de nom sans changer de logique n’est pas une révolution c’est un rebranding de la dépendance », ajoute le premier ministre qui a par ailleurs, présenté les mesures de son gouvernement comme une application concrète de la pensée fanonienne : transparence des finances publiques, révélation des « dettes déguisées », lutte contre la corruption, et surtout, fin de la « présence militaire étrangère » une allusion à peine voilée aux bases françaises. « Nous ne commémorons pas Fanon. Nous le continuons », a martelé le Premier ministre, affirmant que « la souveraineté n’est jamais un acquis : elle est un combat quotidien. » Terminant son discours, le Premier ministre Ousmane Sonko a souligné le rôle crucial de la diaspora africaine, dont les transferts financiers « dépassent largement l’aide publique au développement ». Il l’a qualifiée d’avant-garde dans la recomposition géopolitique mondiale. Citant Fanon, le Premier ministre a lancé à la jeunesse africaine : « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, l’accomplir ou la trahir. » Un appel à poursuivre le combat pour une « désaliénation totale » mentale, économique et politique. www.dakaractu.com