« Ça sent un peu le renfermé. » Lampe à la main, coiffé d’un fédora, Bruno Solo s’improvise aventurier et guide. Et ça lui va plutôt bien. Dès les premières secondes de « Les aventuriers de l’Égypte antique », le ton est donné : un peu solennel, très instructif mais surtout pas barbant. Exit la poussière des vieux manuels. Raconter la naissance de l’égyptologie comme une aventure, voire même un film d’exploration, et avec une touche d’humour, c’est le pari de cette nouvelle série documentaire-fiction en six épisodes, dont les deux premiers volets - « L’expédition Bonaparte » et « La chasse aux trésors » - sont diffusés ce jeudi soir sur France 5 (à 21h05 et 21h55). Les suivants le seront les 25 décembre et 1er janvier. Au-delà des blagues se cache un épisode historique majeur. Tout part de 1798. Lorsque Napoléon arrive au pays des pharaons, les canons tonnent, mais la série regarde ailleurs : du côté des savants, ingénieurs, explorateurs, artistes et autres érudits qui l’accompagnent. Une figure oubliée est remise sur le devant de la scène : Dominique Vivant Denon, premier Européen à parcourir le Nil au péril de sa vie, armé de son crayon. De Dendérah à Louxor, il a une ambition : dessiner les temples et les colosses. Dans le deuxième épisode, on assiste à une course aux trésors entre les Anglais et les Français, qui se disputent les plus belles pièces d’Égypte. L’égyptologie à la portée de tous sans trop simplifier Présentateur inattendu pour certains, Bruno Solo, qui se qualifie lui-même de « féru d’Histoire », s’impose pourtant comme un choix plutôt cohérent. Loin de jouer les experts, il assume le rôle de passeur d’histoire, curieux et enthousiaste, n’hésitant pas à enfiler un bicorne ou à lancer une vanne pour ne pas perdre les téléspectateurs. Une posture qu’il maîtrise : depuis huit ans, sur France 5, l’acteur de « Caméra Café » relate l’histoire de l’Europe, de la Guerre de Cent Ans jusqu’à la chute de Napoléon Ier dans la série-documentaire « La Guerre des trônes » . Ici, son ton naturel et son plaisir évident servent l’ambition des « Aventuriers de l’Égypte antique » : rendre les expéditions des premiers égyptologues accessibles sans simplifier à l’excès. Et la mise en scène y contribue largement. L’utilisation de l’IA (intelligence artificielle) permet de redonner au sphynx son visage désensablé, faire danser les hiéroglyphes, défiler les siècles sur le plateau de Gizeh ou restituer l’arrivée des soldats de Bonaparte face aux pyramides. Les effets spéciaux reconstituent les monuments et paysages à l’Antiquité… Les séquences de fiction, celles tournées sur des sites grandioses et les paroles d’experts se répondent sans cesse. Un montage ultra-dynamique qui ne risque pas d’endormir les adeptes de l’Égypte ancienne.