Après plus de 15 semaines d’audience la justice a condamné ce jeudi l’anesthésiste Frédéric Péchier à la réclusion criminelle à perpétuité, avec une période de sûreté de 22 ans. Le médecin de 53 ans comparaissait depuis le 8 septembre devant la cour d’appel de Besançon (Doubs) pour 30 empoisonnements de patients, dont 12 mortels entre 2008 et 2017. Le médecin, qui n’a eu de cesse de clamer son innocence tout au long du procès a été reconnu coupable des 30 empoisonnements, dont 12 mortels, sera directement incarcéré après ce verdict. L’accusation avait requis la réclusion à perpétuité contre Frédéric Péchier, qu’elle a présenté comme « l’un des plus grands criminels de l’histoire », coupable selon elle d’avoir « utilisé la médecine pour tuer ». Son avocat Randall Schwerdorffer , convaincu de son innocence avait demandé de l’acquitter « purement et simplement », faute de preuves irréfutables. Lundi, la cour s’est retirée dans un lieu tenu secret pour se prononcer sur la culpabilité ou l’innocence de Frédéric Péchier sur chacun des 30 cas d’empoisonnements qui lui sont reprochés, commis entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon, sur des patients âgés de quatre à 89 ans. Pour chaque vote, la culpabilité ne pouvait être prononcée qu’à une majorité d’au moins sept voix sur neuf. Des témoignages déchirants Selon l’accusation, le praticien a pollué des poches de perfusion avec du potassium, des anesthésiques locaux, de l’adrénaline ou encore de l’héparine, pour provoquer un arrêt cardiaque ou des hémorragies chez des patients pris en charge par des confrères. Son objectif : « Atteindre psychologiquement » des soignants avec lesquels il était en conflit et « nourrir sa soif de puissance », selon le parquet. Après avoir réfuté cette thèse pendant l’instruction, Frédéric Péchier a finalement admis, depuis l’ouverture du procès, qu’un empoisonneur avait bien sévi dans l’une des deux cliniques privées où il a travaillé. Mais il a constamment répété qu’il n’était pas cet empoisonneur. Ce procès, qui a duré trois mois et demi, a alterné témoignages déchirants de victimes et échanges tendus avec un accusé décrit tantôt comme un tueur en série dénué d’empathie, tantôt comme un « homme détruit ». Cassant et inflexible lors des interrogatoires, l’accusé a versé des larmes le 5 décembre, en évoquant sa tentative de suicide en 2021, quand, ivre, il s’est défenestré alors qu’il vivait chez ses parents. Mais l’audience a également été marquée par le témoignage poignant de plusieurs victimes ou proches de victimes, dont celui d’un adolescent qui n’avait que quatre ans lorsqu’il a survécu à un empoisonnement. Et aussi par l’émotion de l’une des représentantes de l’accusation Thérèse Brunisso, dont la voix s’est brisée lorsqu’elle a évoqué la « liste de l’horreur » des 30 victimes recensées.