Les recherches en mer visant à retrouver les débris de la Caravelle Ajaccio-Nice , pour tenter de comprendre les causes de son crash qui avait fait 95 morts en 1968, ont permis d’identifier de nombreuses pièces, ont annoncé mercredi les avocats des familles des victimes. Une série de photographies sous-marines menées par la marine nationale dans la zone de 8 km2 considérée comme le site présumé du crash a permis d’identifier la queue et les réacteurs de l’avion, ainsi que de nombreuses pièces de la carlingue. Jusqu’ici, des débris de l’appareil ont déjà été récupérés après le crash mais jamais la carlingue. L’information a été transmise par le juge d’instruction niçois chargé du dossier, qui a reçu mercredi les parties civiles. Damien Martinelli, procureur de la République de Nice, a confirmé dans la soirée à l’AFP les éléments fournis par les avocats. 30 heures de plongée par 2 300 m de fond C’est le commandement de la zone maritime Méditerranée qui a procédé aux recherches dans les 8 km2 précédemment définis, entre les 11 et 13 octobre. « Au terme d’une trentaine d’heures de plongée à 2 300 m de fond, cette opération a permis d’une part de détecter et identifier plusieurs débris de l’appareil parmi lesquels possiblement des éléments de la queue et d’autre part d’identifier deux probables réacteurs », a précisé ce jeudi matin Damien Martinelli. Le 11 septembre 1968, la Caravelle AF 1611, qui devait relier Ajaccio à Nice en 45 minutes, s’est brusquement abîmée au large d’Antibes, trois minutes avant d’atterrir, faisant 95 morts, dont 13 enfants et 6 membres d’équipage. L’épave a ensuite été localisée à quelque 2 300 m de profondeur. Une première instruction pour homicide involontaire s’est close en 1973 par un non-lieu, la thèse retenue étant celle d’un incendie dans la cabine des toilettes à l’arrière de l’appareil. Mais les familles des victimes n’ont jamais abandonné et l’enquête a été relancée en 2012 pour « soustraction et recel de preuves ». En 2018, la justice a requis la levée du secret-défense , estimant qu’il fallait prendre « très au sérieux » l’hypothèse d’un tir de missile accidentel depuis la base du Levant, près de Hyères (Var). En réponse, des documents ont été remis à la justice par le ministère des Armées en juillet 2019. Ils ont été jugés « très insatisfaisants » par les familles de victimes. « Plusieurs éléments sérieux, notamment des témoignages mais également des éléments matériels, tendent à montrer que des autorités civiles et/ou militaires ont pu chercher à faire obstacle à la détermination des causes et des circonstances réelles du crash de la Caravelle », avait indiqué l’an dernier le procureur de la République. Les familles n’ont jamais baissé les bras Début septembre, les avocats de l’association des familles des victimes ont annoncé que des investigations allaient enfin pouvoir être menées au plus près de l’épave de l’appareil. Mathieu Paoli, 81 ans, l’un des trois fils d’Ange-Marie et Toussainte Paoli , morts dans le crash, avait alors espéré auprès du Parisien que l’analyse du réacteur gauche soit déterminante. « Si les ailettes sont endommagées, on pourra se poser des questions » quant à l’hypothèse d’un missile guidé par la chaleur soit venu se loger à l’intérieur, avait-il dit. Selon le magistrat, une expertise doit être menée pour déterminer si l’analyse visuelle des photos prises peut permettre de trouver la clé du mystère, ou s’il faut envisager de remonter les débris à la surface et à l’air libre. Rien n’indique à ce stade qu’il soit possible de mettre au jour sans les détériorer ces pièces qui ont passé près de six décennies au fond de la mer. Il n’empêche, les avocats des familles, Mes Stéphane Nesa, Paul Sollacaro et Philippe Soussi, ont salué « une avancée majeure ».