De 30 à 250 euros l’information : une policière déférée pour la revente de fichiers police sur Snapchat

Une gardienne de la paix de 25 ans, domiciliée à Villeneuve-Saint-Georges ( Val-de-Marne ), a été mise en examen mardi pour avoir revendu des informations confidentielles issues des fichiers de police. Une information révélée par BFMTV et confirmée au Parisien par le parquet de Paris. Tout commence le 13 mai 2025, lorsque les enquêteurs de l’Office anti-cybercriminalité (Ofac) découvrent sur le réseau social une proposition de consultation de fichiers de police, notamment le fichier des personnes recherchées. Les investigations téléphoniques permettent rapidement d’identifier la jeune femme, affectée à la garde bâtimentaire et donc pas en charge d’enquêtes. Pourtant, elle avait consulté une vingtaine de fiches. Des virements entre 15 euros et 5 000 euros des personnes concernées par ces consultations ont été crédités sur son compte, lui permettant de faire un bénéfice financier important en 2025. Selon BFMTV, elle aurait commencé à consulter ces fichiers sensibles dès 2024, avec « un nombre anormalement élevé de consultations qui se soldaient presque toutes par un résultat positif sans jamais conduire à la moindre interpellation », indique une source proche de l’enquête. Une grille tarifaire bien établie En septembre 2025, l’ Inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », est co-saisie pour la suite des investigations. L’enquête conduit à l’identification d’un second suspect dans son entourage, soupçonné d’être impliqué dans les transactions avec les bénéficiaires de ces consultations illégales, indique le parquet de Paris. Des échanges révèlent une véritable grille tarifaire : 30 euros pour une fiche « PO » (personne recherchée), 250 euros pour une « levée d’immo » (levée d’immobilisation de véhicule). Les deux personnes ont été placées en garde à vue le 15 décembre, puis déférées ce mardi 16 décembre devant un juge d’instruction. Elles devront être jugées le 15 juin 2026 pour des infractions de « détournement de la finalité d’un fichier, transmission frauduleuse de données, violation du secret professionnel et recel de ces infractions, corruption active et passive et blanchiment de délit », précise l’institution. En attendant leur procès, elles ont été placées sous contrôle judiciaire avec interdiction de contact entre elles et de quitter le territoire. La policière s’est également vue interdire d’exercer toute fonction publique. En octobre 2025, le directeur de l’IGPN avait annoncé le lancement d’enquêtes d’initiative pour débusquer la corruption liée aux consultations illégales de fichiers, qu’il considère comme des « points de vulnérabilité ». Le rapport annuel de l’IGPN pour 2024 faisait état de 93 saisines pour violation du secret professionnel et 75 pour détournement de fichiers. Pas plus tard qu’en août dernier, un autre policier parisien de 27 ans avait été mis en examen pour des faits similaires de vente d’informations sur les réseaux sociaux.