Circoncision, langue de serpent, scarification : un tatoueur-perceur condamné pour exercice illégal de la médecine à Orléans

Le prévenu, âgé de 53 ans, proposait des prestations de modification corporelle invasives, bien au-delà du cadre légal du tatouage et du piercing. « Ces pratiques faisaient courir un risque réel et immédiat pour la santé des clients », a souligné la procureure en rendant son jugement au tribunal correctionnel d’Orléans ( Loiret ), ce jeudi 17 décembre. Le tatoueur-perceur orléanais était poursuivi pour pas moins de quatorze infractions, dont l’exercice illégal des professions de médecin et de pharmacien, la mise sur le marché de produits cosmétiques non conformes et l’utilisation de substances réglementées. Psychotropes, encres périmées... Tatouage, piercing, détatouage au laser, mais aussi scarifications, incisions, « langue de serpent », ablations de parties de l’oreille ou encore « human branding », une pratique consistant à marquer la peau au fer rouge, figuraient parmi les prestations dont il faisait la promotion sur Internet et les réseaux sociaux, en plus de son exercice à Orléans, puis à La Chapelle-Saint-Mesmin. Des actes « clairement définis et tarifés », selon la procureure, pour lesquels il utilisait des produits anesthésiants, des médicaments et substances classées comme psychotropes, acquis sans autorisation, parfois via des plateformes étrangères. Mais pas seulement… Les enquêteurs ont saisi des encres périmées, certaines depuis plusieurs années, non conformes aux normes européennes, ainsi qu’un fer destiné au marquage au fer rouge. Il s’est avéré que le prévenu fabriquait et commercialisait également des produits cosmétiques tels que des pommades anesthésiantes. Une activité jamais déclarée à l’Agence régionale de santé (ARS), a relevé l’Ordre national des pharmaciens, constitué partie civile. Un client opéré en urgence après l’ablation d’un bout d’oreille À l’audience, la défense a plaidé la méconnaissance de la réglementation et l’absence d’intention frauduleuse. Elle a soutenu que son client se considérait avant tout comme perceur et qu’il n’avait pas conscience de pratiquer des actes relevant de la médecine. « Il ne pensait pas être dans l’illégalité », a fait valoir son avocate, rappelant qu’il faisait signer à ses clients des décharges de responsabilité. Le ministère public a, au contraire, dénoncé la gravité des faits, évoquant une violation répétée de la réglementation sanitaire et une absence de maîtrise des risques. L’une des victimes, portée partie civile, a indiqué avoir dû être opérée en urgence au CHU d’Orléans après une ablation d’une partie de l’oreille, l’intervention ayant entraîné une importante hémorragie. Le tribunal correctionnel a déclaré le prévenu coupable de l’ensemble des infractions, à l’exception des faits de violences, pour lesquels il a été relaxé. Il a été condamné à 24 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, assortis d’obligations de travail ou de formation. Il écope d’une interdiction définitive d’exercer le métier de tatoueur-perceur et devra verser 1 000 euros au titre du préjudice moral à l’Ordre national des pharmaciens.