« Israël vaincra » : à Paris, une galerie d’art taguée en marge d’une exposition sur la Palestine

En arrivant devant sa galerie d’art jeudi matin, Mathieu Bernal a découvert ce qu’il s’est produit pendant la nuit. Sur la vitrine du lieu, ouvert il y a quelques mois à peine dans le XIIe arrondissement de Paris , des messages hostiles à la Palestine. « Israël vaincra », « Hamas viole », peut-on lire sur la façade de la galerie Esprit d’Escalier, située avenue de Corbera. Des inscriptions faites aux couleurs de l’État hébreu, le bleu et le blanc. « On est désolés pour ces gens qui propagent la haine », réagit le gérant de la galerie, qui voit en ce vandalisme « un acte isolé ». Le vernissage de l’exposition le soir même « Je ne considère pas que ces gens sont représentatifs d’un courant de pensée. Il s’agit d’extrémistes qui ne cherchent qu’à propager la haine », poursuit Mathieu Bernal. Cette dégradation intervient alors que le soir même avait lieu le vernissage de l’exposition « Gaza Sumud : 3 artistes en résidence », « Sumud » désignant la résilience du peuple palestinien face à la colonisation israélienne . « Je savais que c’était un sujet qui allait faire parler », reconnaît Mathieu Bernal, malgré tout choqué par la brutalité des tags. « Une violence extrême » Sur Instagram, le directeur artistique de la galerie Valvé a dénoncé « des inscriptions d’une violence extrême ». « Ces mots ne relèvent ni de l’opinion, ni du débat : ils relèvent de la haine, de l’intimidation et de la menace », écrit-il. View this post on Instagram « Il s’agit d’une tentative délibérée de faire taire des artistes, d’effrayer un lieu culturel, et d’imposer la peur là où l’art ouvre un espace de pensée, de mémoire et d’humanité », poursuit Valvé au sujet de l’exposition, qui doit se tenir avec ces tags sur la vitrine. « Ils sont faits à l’acide. Et par endroits, ça s’est creusé dans le verre », fait savoir Mathieu Bernal. Une plainte déposée Dans cette exposition, trois artistes sont mis en avant. Le premier, Sohail Salem, est un plasticien palestinien. « Il a perdu toutes ses œuvres et nous envoie des photographies de dessin qu’il fait au stylo sur des cahiers d’écoles », explique le gérant de la galerie. Son compatriote Mohammed Zaanoun est un photographe, dont de nombreux clichés d’enfants palestiniens sont exposés aux côtés d’œuvres du peintre Romain Zeder, basé à Montreuil (Seine-Saint-Denis) . « Plus que jamais, nous ouvrons nos portes », assure Valvé, qui rappelle que l’exposition est ouverte jusqu’au 24 décembre. De son côté Mathieu Bernal indique avoir porté plainte. Contactés, ni la préfecture de police de Paris ni le parquet n’ont répondu à nos sollicitations.