L’instit avait un temps douté de ce qu’il lui était arrivé. Le commissaire Matthieu H. a été condamné ce vendredi 19 décembre à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Bobigny pour des violences commises envers une enseignante dans le contexte des émeutes urbaines consécutives à la mort de Nahel Merzouk , à Nanterre en juin 2023. Le tribunal l’a condamné, estimant que l’officier de police avait fait un « usage excessif de la force » de façon « volontaire et disproportionnée », alors que le ministère public avait demandé sa relaxe. Le commissaire de 36 ans a précisé à l’AFP, à l’issue du délibéré, qu’il ferait appel de la décision. « Je suis blanche, je ne risque rien » : tels sont les derniers mots que l’enseignante de 54 ans se souvient avoir prononcés avant son « black-out » lors de son altercation avec la police , dans la nuit du 29 au 30 juin 2023 devant la mairie de Villetaneuse ( Seine-Saint-Denis ). Lorsqu’elle revient à elle, sa cheville présente une triple fracture et forme « un angle droit ». Cette blessure grave a entraîné, à ce jour, une interruption totale de travail (ITT) de 150 jours. La professeure des écoles rentrait d’un repas vers 3 heures du matin à vélo lorsqu’elle aperçoit un bus en feu place de l’Hôtel-de-Ville lors de la troisième nuit d’émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk, causée par le tir à bout portant d’un policier. Restant à distance de l’incendie, elle interpelle les policiers dont le commissaire Matthieu H. à qui elle répète à plusieurs reprises : « Je vous connais, vous tapinez sur Saint-Ouen . » Le deuxième policier relaxé « Elle était ivre, tenait des propos incohérents et refusait de quitter les lieux », a expliqué le commissaire à la barre, lors de l’audience le 4 décembre. Ce dernier précise l’avoir repoussée lors de son interpellation « d’un coup de pied sec ». « Pourquoi ne pas lui avoir tourné le dos », s’étonne le président, Youssef Badr . « Une dame à vélo, n’y avait-il pas plus grave ce soir-là ? », l’interroge-t-il, décrivant le contexte d’un supermarché pillé et d’un maire retranché dans l’hôtel de ville. « Ça m’est arrivé des dizaines de fois de me faire insulter par des gens ivres, mais cela aurait porté atteinte au crédit de la police si je ne l’avais pas interpellée », a répondu le policier. La procureure Fanny Bussac avait également requis une amende de 3 000 euros pour « outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique » à l’encontre de Caroline C., finalement réduite à 500 euros par le tribunal. Alexis M., le deuxième policier présent le soir des faits, a été relaxé. « Cette décision relève de l’évidence, compte tenu du nombre de jours d’interruption volontaire de travail qui est rarissime », a réagi son avocat Arié Alimi, « très satisfait » de la décision du tribunal.