Une dernière lettre avant les vacances de Noël. Alors que ses travaux viennent de s’interrompre pour une quinzaine de jours, le bureau de la Commission d’enquête sur la neutralité de l’audiovisuel public a reçu ce vendredi un courrier officiel doublé par des mails. L’expéditeur ? Sibyle Veil, la présidente de Radio France, que le groupe de travail de l’Assemblée nationale a auditionné ce mercredi. Si la dirigeante y « remercie » d’abord les députés pour leur « attention » et leurs « questions », elle tient surtout à se plaindre des publications sur le réseau social X du rapporteur de la commission d’enquête, le député UDR Charles Alloncle . « Il me paraît essentiel que les propos tenus dans le cadre de ces auditions soient relayés avec exactitude afin de ne pas altérer la compréhension de nos concitoyens sur ce qu’il s’y dit », écrit-elle dans ce texte envoyé à une dizaine d’élus (président, rapporteur, vice-présidents, secrétaires), et que Le Parisien a pu consulter. Et de se plaindre de « plusieurs déformations publiques » constatées sur le compte X du parlementaire de l’Hérault. Sibyle Veil liste ensuite une série de tweets récents de Charles Alloncle. Leur apportant des correctifs — « cette affirmation est fausse » —, elle s’étonne qu’ils aient parfois été publiés « en cours d’audition ». Les posts concernés touchent aussi bien au nombre de semaines de vacances des salariés de son entreprise qu’aux conditions du licenciement du journaliste Jean-François Achilli , en passant par un humoriste de France Inter présenté comme un « journaliste » dans un tweet du député. « Je m’interroge sur ce procédé » Sibyle Veil se dit aussi « interpellée » par un message de Charles Alloncle sur le même réseau social. Le député y a écrit le 17 décembre : « Lors de son audition, Sibyle Veil, présidente de Radio France, a qualifié l’affaire Patrick Cohen/Thomas Legrand de simple maladresse . Les faits sont pourtant d’une extrême gravité : il s’agit, je le rappelle, d’un possible détournement de fonds publics à des fins électorales ». Des accusations « d’une extrême gravité » qui ne sont « étayées par aucun fait », tacle Sibyle Veil. « Je m’interroge sur ce procédé alors qu’aucun échange en commission ne s’est tenu sur cette accusation pourtant grave », conclut-elle. Dans une interview mercredi sur France Inter, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet , avait affirmé être « en train de rappeler à l’ordre le rapporteur » de la commission d’enquête sur le respect des « règles » et des « usages » de la chambre, notamment sur les « live-tweet » (publications en direct sur les auditions) des députés. « Une présidente de l’Assemblée nationale ne devrait pas dire ça, avait rétorqué Charles Alloncle, droit dans ses bottes, sur X. Je mènerai ma mission jusqu’au bout, sans faillir et sans céder à la moindre intimidation ». Contactés, Radio France n’a pas souhaité faire de commentaire, tandis que le député Charles Alloncle n’a pas répondu. Après avoir auditionné jeudi les patrons des programmes de France Inter et France Télévisions, mais aussi Patrick Cohen et Thomas Legrand, la commission d’enquête sur la neutralité de l’audiovisuel public va suspendre ses travaux le temps de la trêve des confiseurs. Les auditions reprendront début janvier pour un rapport final attendu d’ici début avril.