Habib Beye avait des messages à faire passer. Interrogé par RFI à l’occasion d’un entretien au long cours publié ce vendredi soir, l’entraîneur du Stade Rennais a évoqué la situation de son club et l’état de Ligue 1. Surtout, l’ancien international sénégalais (45 sélections) s’est exprimé au sujet de la Coupe d’Afrique des nations 2025 , qui débute ce dimanche au Maroc. Finaliste de la compétition en 2002 avec les Lions de la Téranga, Beye en a profité pour passer un coup de gueule sur la date de mise à disposition des joueurs par les clubs . Alors que ces derniers étaient censés rejoindre leur sélection pour préparer l’échéance continentale après le week-end du 7 décembre, ils n’ont finalement été libérés qu’après le 15 décembre, offrant seulement une semaine de préparation complète aux équipes engagées. « La CAN n’est pas une compétition secondaire » « Ce problème est récurrent et c’est dommageable pour l’image de la CAN et pour l’équité sportive », a jugé le technicien de 48 ans. « La CAN subit souvent les aléas du calendrier international : elle a été déplacée pour laisser la priorité à la Coupe du monde des clubs, ce qui l’a reléguée au second plan », a-t-il rappelé, en référence aux dates originalement prévues pour la compétition, à l’été 2024 . « Aux yeux de Gianni Infantino (président de la Fifa), c’était plus important d’avoir la Coupe du monde des clubs que la CAN à cette période-là de l’année. Libérer les joueurs à six jours du coup d’envoi, c’est insuffisant pour préparer un grand tournoi : cela complique le travail des sélectionneurs, perturbe l’organisation et, de fait, dévalorise la compétition. Les clubs européens doivent comprendre que la CAN n’est pas une compétition secondaire », a-t-il tancé. Selon Habib Beye, combattre « l’ingérence » de la Fifa - comme il l’avait dénoncé le 4 décembre dernier - et offrir un vrai soutien au football du continent passera automatiquement par une meilleure représentativité des entraîneurs africains en Europe. « Je crois que je suis le seul aujourd’hui dans les cinq grands championnats, en tout cas en première division », a constaté l’ancien coach du Red Star , citant également l’exemple de son compatriote Omar Daf en Ligue 2, à Amiens. « Personne ne m’empêchera d’aller où je veux aller » « Ça m’encourage encore plus à montrer la voie (…) Je veux inspirer les jeunes, leur dire que rien n’est impossible, qu’il ne faut pas se fixer de limites et qu’on ne doit pas laisser les autres décider pour nous. J’espère que mon exemple ouvrira la voie à d’autres entraîneurs issus du continent africain ou de la diversité. » Interrogé sur l’exemple de Pape Diouf , son président à l’Olympique de Marseille entre 2004 et 2007, qui s’était défini comme « une anomalie sympathique » en tant qu’unique dirigeant noir dans un grand club européen, Beye a souhaité prendre ses distances. « Aujourd’hui, je ne considère pas être une anomalie sympathique, je considère que je suis là parce que je le mérite de par mon travail et de par la volonté que j’ai aujourd’hui d’entraîner au très haut niveau et de continuer à progresser et à me confronter à ce qui se fait de mieux (…) Personne ne m’empêchera d’aller où je veux aller », a-t-il affirmé. Sous les ordres d’Habib Beye, fortement menacé à la fin du mois d’octobre, le Stade Rennais a regagné du terrain et se retrouve désormais à la sixième position du classement en Ligue 1.