« Deux vies gâchées » : marche blanche dans l’Ain pour les garçons victimes du suicide de leur voisine

Des centaines de personnes ont marché sous une pluie froide ce vendredi dans les ruelles étroites de la petite ville de Trévoux, dans l’Ain , en mémoire de Matthieu, 3 ans, et de son frère Thomas, 5 ans, tués dans l’explosion provoquée par le suicide au gaz de leur voisine de palier . Derrière leurs parents Katia et Bruno, et leur grand frère de 18 ans, Maël, blessés par la déflagration, une foule a marché deux kilomètres dans un silence de plomb, ballons gonflables bleu et rouge en main. Avant de déposer bougies, fleurs, messages et peluches devant la grille d’un petit stade de basket couverte de photos des deux enfants, à deux pas des lieux du drame et devant leur école maternelle des Corbettes. « Depuis lundi soir, le ciel s’est paré de deux étoiles de plus qu’il fait étinceler. Deux petits anges s’en retournent et le monde autour se dérobe », a lu, au nom des parents d’élèves qui organisaient la marche, une jeune fille sur le parvis de la mairie de Trévoux. Lundi vers 17h30, l’explosion dans l’immeuble résidentiel de quatre étages a fait trembler ce bourg de quelque 7 000 habitants à une trentaine de km de Lyon. Les deux garçonnets étaient dans leur chambre, dont le mur était attenant à l’appartement de leur voisine . Il a été soufflé par la déflagration déclenchée dans une pièce saturée du gaz échappé d’une conduite ouverte par son occupante. L’immeuble a été en partie détruit. Treize personnes ont alors été hospitalisées en urgence relative et 53 autres prises en charge pour des blessures légères ou en cellule psychologique. Un suicide a conclu l’enquête après deux jours d’investigations et des messages téléphoniques laissés par la victime, âgé de 46 ans, à des parents. « Le cœur déchiré » Maël, sous les décombres aussi, a pu guider les pompiers vers ses frères grâce à des messages envoyés avec son smartphone sur le groupe de son club de foot mais les secouristes n’ont pas pu réanimer les deux garçons . « Ces deux petits bouts, qui n’avaient rien demandé… ben voilà, deux vies gâchées », dit à l’AFP, très émue, Alexandra Galic, venue à la marche avec ses quatre enfants, dont un camarade de foot de Maël, joueur et entraîneur des petits au Club Sportif de Reyzieux, ville voisine de Trévoux. « Ce n’est pas la fatalité, c’est de l’égoïsme, quelque part, l’égoïsme d’une personne », lâche-t-elle la voix empreinte de colère, en évoquant le suicide de la voisine. « Je ne comprends pas, en fait : il y a d’autres façons de faire que de prendre la vie de deux petits bouts, comme ça », souffle-t-elle. Il fallait « montrer qu’ils ne sont pas seuls, que nous aussi, en tant que maman, on a le cœur déchiré », conclut Alexandra, en jetant un regard attristé vers la tête du cortège où se tiennent les parents et le frère des deux petites victimes. Autour d’eux, des tout-petits marchent ballons bleus et rouges en main, arborant un tee-shirt blanc qui leur tombe sur les genoux. « À nos copains Matthieu et Thomas », y est-il inscrit. Marie-Claire Faure, 62 ans, elle, n’a pas hésité à conduire 150 km avec son époux pour « soutenir la famille des petits ». Leur fille habite Trévoux avec leur petit-fils de 2 ans et demi. « C’est très important d’être là et montrer notre solidarité dans la peine au moment des fêtes de Noël. C’est quand même une tragédie horrible, due à quelqu’un qui était désespéré, on a du chagrin », ajoute Marie-Claire.