Huit ans, ça peut paraître court, mais c’est très long pour les Camerounais. Deuxième pays le plus titré en Coupe d’Afrique des nations derrière l’Égypte, le Cameroun court après un 6e titre depuis 2017 et son sacre au Gabon. Une quête interminable pour ses supporters, qui ont dû se contenter d’une demi-finale en 2021 et d’une maigre qualification pour la Coupe du monde 2022. La CAN 2025, qui débute le 21 décembre prochain au Maroc, est toutefois l’occasion de mettre fin à cette anomalie. Et les espoirs placés en ces Lions indomptables sont immenses. « Pour le Cameroun , deux ans sans gagner une CAN, ce n’est déjà pas bon, estime Elviscio, membre du fan-club Le 12ème joueur 237 . Donc, cette fois-ci, nous voulons la CAN. Le bon résultat, c’est le titre. Sans ça, nous serons déçus. Très déçus. » « Les Camerounais sont divisés en deux » La sélection camerounaise a pourtant connu quelques turbulences ces derniers mois, et encore plus ces derniers jours. Le 2 décembre dernier, à moins de trois semaines du tournoi, la légende Samuel Eto’o, tout juste réélu à la tête de la Fédération nationale, a décidé de faire le ménage et de virer le coach en place, Marc Brys . Et son remplaçant David Pagou n’a pas fait dans le détail en se privant de plusieurs cadres comme André Onana et Vincent Aboubakar dans sa sélection. « C’est un défi, un risque qui a été pris, estime Elviscio. Aujourd’hui, les Camerounais sont divisés en deux. Il y a ceux qui pensent que ce n’est pas un bon choix et il y a ceux qui sont d’accord. Tout ça suscite beaucoup d’intérêt et d’anxiété. » « Ce n’est pas comme si on avait pris des amateurs, les joueurs qui ont été appelés et le nouveau staff technique, ce sont aussi des professionnels, pointe son collègue Prisby. Il faut juste qu’il se donne à fond, on pense que ça va aller. » Les absences de l’ancien gardien de Manchester United et de l’ancien attaquant de Porto pourraient toutefois être préjudiciables. Le second avait d’ailleurs été le buteur décisif lors de la dernière victoire camerounaise à la CAN. « Mais c’est un jeu collectif, on ne doit pas s’apitoyer là-dessus, on va compter sur ceux qui sont là, promet Elviscio. Ça donnera aussi l’occasion pour ces joueurs-là de mûrir, ils sont la relève de l’équipe nationale. » « Si Mbeumo se blesse, on va commencer à pleurer » Les deux hommes tiennent d’ailleurs à le rappeler : l’équipe de 2017 n’était pas composée que de grands noms. Si Fabrice Ondoa (Séville), Nicolas Nkoulou (Lyon) ou Clinton Njie (Marseille) étaient là, tous ne jouaient pas dans des équipes prestigieuses. « L’équipe n’était pas forte sur le papier, on l’a beaucoup sous-estimée, confirme Prisby. Mais une CAN, personne n’y va pour perdre. Les Lions se sont préparés psychologiquement et physiquement pour gagner. » Cette année, l’attraction camerounaise se nomme Bryan Mbeumo. Transféré à Manchester United cet été pour plus de 75 millions d’euros , l’attaquant rayonne chez les Red Devils. Et avec ses 27 sélections avec les Lions indomptables, il prend une place de plus en plus importante au sein du groupe. « C’est notre véritable animateur offensif, estime Elviscio. Il faut dire la vérité : s’il se blesse, on va commencer à pleurer. Nous avons besoin juste de quelqu’un en pointe qui pourra saisir les occasions parce que dans notre équipe, on ne pourra pas l’utiliser Bryan Mbeumo comme buteur. C’est la raison pour laquelle on pourra peut-être déplorer l’absence d’un gars comme Aboubakar qui pouvait être ce finisseur. Mais avec des joueurs comme Franck Magri (Toulouse) ou Christian Kofane (Bayer Leverkusen), on pourra se battre. » Au vu des aspirations des supporters, la pression risque d’être énorme sur les épaules de ces hommes. Mais c’est sans doute le prix à payer lorsqu’on porte le maillot des Lions indomptables.