Bataille judiciaire à Creil : 4 kilos de drogue saisis et des suspects libérés suite à un vice de procédure

Ce devait être un dossier emblématique de la lutte contre le narcotrafic sur le Bassin creillois mais ce vendredi, le résultat est loin d’être à la hauteur des espérances du parquet et des enquêteurs de la police creilloise. Deux présumés trafiquants de drogue ont ainsi été relaxés de la majeure partie des faits qui leur étaient reprochés, l’un d’eux étant seulement condamnés à deux mois de prison ferme pour violation de domicile. Une infraction commise le 22 avril dernier, lorsque Sadek S., 26 ans, tente de prendre la fuite pour échapper à une opération policière autour d’un logement situé rue Robert-Fauré, à Creil . Pour s’enfuir, le jeune homme s’était introduit dans un logement du voisinage, où il a été retrouvé et interpellé. Les policiers avaient déclenché une surveillance sur un appartement de ce secteur de Creil où un point de deal s’était implanté. 5470 euros en liquide et deux armes de poing Et même si cette rue se trouve dans le bas de Creil, la présence de Sadek S., suspecté d’être le « gérant de Descartes », un point de deal bien connu sur les hauteurs de la ville, avait forcément éveillé la curiosité des enquêteurs, qui subodorent l’ouverture d’un nouveau point de trafic dans un autre quartier de Creil. Le même jour, les policiers interpellent de l’autre côté du bâtiment Ismaila N., 20 ans, qui se débarrasse d’un sac contenant 5 470 euros en liquide. Une perquisition menée dans un appartement de la rue Robert-Fauré permet de découvrir 2,5 kg de résine de cannabis, 1,5 kg d’herbe, 94 g de cocaïne et deux armes de poing avec 54 cartouches. Malgré le mutisme ou les dénégations des deux prévenus, l’affaire paraissait bien engagée pour le parquet jusqu’à ce que les avocats de la défense parviennent à obtenir la nullité de plusieurs pièces du dossier, dont tous les procès-verbaux de perquisition, qui n’ont pas été réalisés dans des conditions conformes aux textes de loi. Une autre procédure en cours Dès lors, plus grand chose ne subsiste dans le dossier et l’insistance du parquet pour que soient jugés l’ensemble des faits, sans tenir compte des nullités de procédure qui font d’ailleurs l’objet d’un appel, déclenche la fureur des avocats de la défense. « Le chef du parquet de Senlis se comporte comme le personnage du colonel Kurtz joué par Marlon Brando dans le film Apocalypse now , perdu au milieu de la jungle et croyant qu’il peut s’affranchir de toutes les règles », rugit Me Adel Farès, avocat de Sadek S. Il n’y aucune empreinte ou trace d’ADN des deux prévenus sur la drogue trouvée et aucun d’eux n’a la clé de cet appartement, dont le propriétaire n’a même pas été auditionné. » Même la tentative d’évasion reprochée à Sadek S. ne sera pas retenue par les juges, qui écarteront de la même façon les lourdes réquisitions de prison ferme avec mandat de dépôt réclamées par le substitut du procureur. Les ennuis judiciaires ne sont toutefois peut-être pas terminés pour Sadek S. mis en cause dans un autre dossier actuellement à l’instruction.