Malgré les pluies et le redoux depuis les grosses chutes de neige de novembre, la situation s’annonce bonne pour le ski ces vacances, si l’on grimpe au-dessus de 2000 mètres. Et ce, notamment grâce à l’enneigement artificiel. En dessous, Noël s’annonce plus compliqué Sous le stratus autour du Léman, difficile d’y croire lorsqu’on aperçoit à peine le sommet des montagnes et leur manteau neigeux. Pas un flocon n’a montré le bout de ses cristaux depuis mi-novembre, et les météorologues n’en annoncent pas, ou très peu, dans les jours à venir. Pourtant, en altitude, les stations perchées au-dessus de 2000 mètres se frottent les mains face à des vacances de Noël qui s’annoncent déjà réussies. «Nous sommes toujours surpris de recevoir des appels de nos clients, notamment de l’Arc lémanique, qui s’inquiètent de l’enneigement alors que les conditions actuelles chez nous sont plutôt optimales», sourit Nicolas Pillet, porte-parole des remontées mécaniques de Nendaz-Veysonnaz. Produire plus de neige lorsqu’il fait froid La faute, entre autres, aux images qui circulent ces jours sur les réseaux sociaux. Une internaute publiait par exemple récemment une vidéo attristante de sa paire de lattes crissant sur une pente plus boueuse qu’enneigée, à Crans-Montana. Mais ces images sont traîtres, assurent plusieurs responsables de station. «C’est vrai, les hauteurs de neige naturelle atteignent 60% à 90% de la moyenne à long terme, mais au-dessus de 2000 mètres, nous avons mesuré 75 cm, et nous avons largement pu compléter mécaniquement, détaille Fabrice Boschung, directeur de Téléovronnaz. Toutes nos installations sont ouvertes, à part un petit téléski pour débutants en station. Les vacances s’annoncent donc belles. Mais c’est vrai qu’en dehors des pistes ouvertes, certaines zones très ensoleillées ou en plus basse altitude sont naturellement moins enneigées.» Pour aller plus loin Quel avenir pour le ski en Suisse? Notre dossier Publié le 10 décembre 2024 à 14:49. / Modifié le 16 décembre 2025 à 10:20. L’histoire du ski et celle de la Suisse sont indissociables. Mais entre le réchauffement climatique, le «ski bashing» et la flambée des prix, le ski reste-t-il cher au cœur des Suisses? Notre dossier spécial: • Le ski est-il toujours le sport préféré des Suisses? • L'interview de Pete Petrovski, directeur général de Crans-Montana • Comment le Magic Pass a transformé l’industrie du ski • En graphiques – Comment le dérèglement climatique réduit l’enneigement des stations de ski • En vidéo – Comment se passer de neige artificielle? • Faut-il encore apprendre à skier à ses enfants? Même constat à Zinal, où toutes les remontées fonctionnent, mais où quatre des cinq pistes de descente au village resteront fermées à Noël. «Les températures de novembre ont permis de faire assez de neige artificielle, or elle tient plus longtemps, y compris sous la pluie», explique Pascal Bourquin, directeur des remontées mécaniques de Zinal. Ce canonnage est essentiel pour ces stations: le responsable l’estime à environ 60% de la couverture du domaine. «Historiquement, 40% des hivers présentent un manque de neige à Noël, tout début de la saison, rappelle-t-il. L’enjeu est donc d’avoir des températures assez basses pour en produire. Le réchauffement climatique réduit les opportunités. La tendance aujourd’hui est donc d’adapter ses installations pour produire de plus grandes quantités en moins de temps, simplement avec des tuyaux plus épais.» Préparation conséquente A Nendaz et Veysonnaz, on se réjouit en effet des investissements faits en la matière, à hauteur de plus de 100 millions de francs en dix ans. «Avec des températures inférieures à 0, nous pouvons enneiger la quasi-totalité de nos pistes en 72 heures, précise Nicolas Pillet. Nos dispositifs ont été enclenchés en novembre, nous n’avons en principe plus de nécessité de les rallumer en cours de saison, sauf durant certaines nuits pour parfaire quelques pistes.» Le travail de préparation est conséquent, confirme Martin Deburaux, directeur de Télé-Villars-Gryon-Diablerets. Si 45% des pistes sont couvertes mécaniquement, la neige naturelle doit également être ramenée depuis les bords, et travaillée. Dans les Alpes vaudoises, toutefois, le manteau blanc est bon jusqu’à 1700 mètres environ. Les axes principaux sont donc ouverts. «Ce n’est pas idyllique, mais les conditions sont bonnes, et j’ai vu beaucoup de sourires sur les pistes aujourd’hui», se réjouit-il. Compliqué au-dessous de 2000 mètres En altitude, les stations s’attendent donc à tirer leur épingle du jeu, et les hôtels affichent des taux de remplissage élevés. Dans le Jura, par contre, il ne reste que quelques névés, indique MétéoSuisse. Et en moyenne montagne valaisanne, la fonte des neiges de novembre ressemble fort à une soupe à la grimace. Le domaine des Marécottes a connu de belles journées début décembre, mais avait dû fermer depuis, faute d’enneigement artificiel: un investissement à plusieurs millions qu’il ne peut pas se permettre. Lire aussi: Quel avenir pour le ski en Suisse? Une nouvelle plateforme permet d’orienter les destinations Les Marécottes ont cependant pu rouvrir trois de leurs cinq pistes ce samedi. «Est-ce que ça tiendra deux jours ou vingt, on ne sait pas encore, s’interroge Gianluca Lepori, directeur de TéléMarécottes. Nous sommes tributaires du manteau neigeux tel qu’offert par mère nature, nous travaillons au jour le jour. Il y a des bons hivers et des mauvais, ce n’est pas nouveau. Ce qui est nouveau, ce sont des précipitations qui tombent plus souvent sous forme de pluie, et moins de périodes de froid pour maintenir le manteau existant.» Si le domaine génère 20 à 30% de son chiffre d’affaires annuel sur la période de Noël, il ne s’avance pas encore sur un éventuel trou dans la caisse. «S’il fait beau, les piétons viennent quand même profiter de la restauration. Et la météo de la suite de la saison peut tout faire basculer.» A Zinal aussi, on ne s’avance pas trop en prévisions. «S’il fait beau, ce sont peut-être 1000 à 2000 pendulaires qui viennent pour la journée, reprend Pascal Bourquin. En cas de mauvais temps, leur absence représente jusqu’à 25% de notre fréquentation.» Par chance, cette année compliquée intervient après deux bonnes, dont une de tous les records; le bas de laine est donc prêt pour les coups durs, assure Gianluca Lepori. Qui ajoute que le système du Magic Pass agit comme un stabilisateur pour les finances des stations. Tous, ces jours, scrutent donc moins le sol que le ciel, en espérant la combinaison idéale annoncée par MétéoSuisse: un retour du froid, accompagné de quelques rayons de soleil.