Ce samedi, le bassin de la Villette a accueilli un événement aussi givré qu’insolite : la Coupe de Noël. Entre esprit sportif, déguisements et clins d’œil historiques, nageurs confirmés et amateurs courageux se sont baignés dans la Seine de Paris, dans une eau à 7 degrés, dans le but de relancer une tradition parisienne oubliée. « Hop, ça pique ! » En sortant de l’eau, le sourire aux lèvres, Benoît résume le sentiment général qui flottait ce samedi sur le quai de Loire. Comme lui, ils sont 200 à s’être jetés dans le bassin de la Villette pour cette nouvelle édition de la Coupe de Noël. Entre défis sportifs et fête déjantée Pourquoi s’infliger une telle épreuve en plein hiver ? Pour Rémy, nageur passionné, c’est avant tout un hommage historique. « C’est un retour dans le passé. Ça a été organisé la dernière fois dans les années 1930-1940 et on aimerait que ce soit le début d’une aventure. » Mais pour d’autres la motivation est plus spontanée, voire à 100 % improvisés. C’est le cas de Rémi, un riverain qui a découvert l’événement le matin même : « Je me suis dit c’est rigolo c’est juste à côté de chez moi ! » L’esprit festif et le côté fou de nager dans l’eau froide l’ont attiré pour « tester » l’expérience. Une première pour cet homme d’origine normande qui auparavant n’avait « jamais eu le courage de le faire ». Sur le bord du bassin, les spectateurs observent le spectacle avec amusement. « Ça ne se prend pas au sérieux, confirme Isabelle, venue faire les photos. Ce sont des gens qui sont là pour s’amuser. Il n’y a aucun enjeu. » Elle apprécie particulièrement ce côté bonne franquette sans aucun sentiment de stress. Une adaptation à l’eau froide Certains, comme Rémy Verron, conseillent de commencer la trempette au printemps pour s’habituer progressivement à la chute des températures. Carmine, membre de l’association des Ours Polaires et reconnaissable à ses lunettes de soleil, assure qu’on « méconnaît la puissance du corps humain ». Selon lui, après 30 secondes d’hyperventilation inévitables, l’adaptation se fait naturellement ». Benoît, lui a opté pour la prudence. N’étant pas habitué au froid extrême, il est parti « tranquillement en brasse » pendant « trois bonnes minutes » dans le bassin. Une performance à saluer quand on sait que l’eau s’approche des 6 degrés. « J’ai déjà fait un peu de stages dans le froid, j’ai assez souvent nagé en Normandie », précise-t-il, estimant être « un peu préparé ». Si le froid est le défi principal, l’eau du bassin de couleur verdâtre en a peut-être fait fuir plus d’un. Rémy Arrivel ne cache pas sa réticence au départ : « Pour l’instant, ça ne donne pas envie mais ce n’est que 100 mètres, ce n’est pas grave ». Un frein rédhibitoire pour Isabelle, la spectatrice. Bien qu’elle se baigne en mer toute l’année, elle est catégorique concernant le bassin parisien : « C’est à cause de la qualité de l’eau même si je sais qu’elle est surveillée. Moi je ne le ferai pas à cause de ça. » Des nageurs frissonnants mais ravis Sur place, l’organisation est rigoureuse. Véronique, bénévole dès dix heures du matin pour l’installation, gère la distribution des dossards et des bracelets de départ. Originaire du Nord, le froid ne lui est pas inconnu. « L’ambiance est bonne, agréable, tout le monde est souriant », témoigne-t-elle, soulignant que le public vient surtout pour l’insolite et l’ambiance. Au final, le pari est réussi, les nageurs ressortent frissonnants mais ravis. Carmine rappelle que pour son association, c’était un « objectif » de l’année. Benoît, lui, conseille l’expérience à tout le monde. Cette réédition de la Coupe de Noël, disparue dans les années 1940, semble avoir trouvé son public. « Il faut que sa continue », espère Rémy Verron qui souhaite voir ici « le début d’une aventure ».