Deux jours après la mort d’un homme, armé d’un couteau, qui menaçait passants et commerçants, sur le cours Napoléon à Ajaccio ( Corse-du-Sud ), avant d’être abattu par la police, l’enquête se concentre désormais sur son profil et ses motivations. À ce stade, le parquet a « a priori » écarté la piste d’une attaque terroriste, « l’individu n’ayant proféré aucune revendication ni exprimé aucune appartenance religieuse lors de sa déambulation, ni lors de son attaque contre les policiers intervenants », a expliqué Nicolas Septe, le procureur de la République d’Ajaccio au Parisien. « Un jeune calme, plein d’ambition » Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme a été identifié comme étant Muhamed Gueye, un homme de nationalité sénégalaise, âgé de 26 ans, a confirmé auprès du Parisien le procureur de la République d’Ajaccio. Selon nos informations, Muhamed Gueye, qui est arrivé en Corse en mai 2025, était titulaire d’un visa étudiant et en situation régulière. Il travaillait depuis six mois dans un restaurant d’Ajaccio, selon Semou Diouf, un Sénégalais installé à Ajaccio lui aussi, qui s’est confié à Corse-Matin . « Il avait l’air très tranquille et je le voyais des fois boire un verre tout seul à la terrasse du Royal », a raconté Mathare, un autre Sénégalais, qui travaille dans un restaurant à Ajaccio depuis 2011. Selon Fall, un autre compatriote, Muhamed Gueye avait réalisé deux saisons à Centuri, à l’hôtel Le Vieux Moulin, à l’été 2022 et à l’été 2023. « On a beaucoup sympathisé », a expliqué le jeune homme qui travaillait lui aussi dans l’établissement. Les deux hommes ont continué à se voir sur la région parisienne par la suite. « Il passait souvent à la maison et je l’ai hébergé quatre mois gratuitement, avec ma femme et mes enfants, pendant qu’il poursuivait ses études », a raconté Fall à Corse-Matin, qui décrit « un jeune calme, plein d’ambition qui voulait devenir ingénieur et qui avait fait 6 000 km pour essayer de réussir et travailler ». Deux mois dans un hôpital psychiatrique Mais Muhamed Gueye se battait visiblement avec ses démons. En janvier 2025, il avait déjà été mis en cause pour des faits de menaces, cette fois-ci à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, selon nos informations. Interpellé par les forces de l’ordre avec un couteau, il avait « opposé une résistance au moment de son menottage », précise Nicolas Septe. À l’époque, sa garde à vue avait été déclarée incompatible, « le médecin requis ayant préconisé une hospitalisation d’office », ajoute le procureur de la République d’Ajaccio. À la suite des faits, il aurait été interné en hôpital psychiatrique à Paris de janvier à mars 2025, a expliqué son père à Corse-Matin . L’enquête, ouverte par le parquet d’Ajaccio, pour « tentative d’homicide aggravé » aura pour objectif « de préciser les contours de la personnalité de cet individu apparemment instable, et de préciser les raisons de son comportement agressif et velléitaire au moment des faits », poursuit le magistrat, qui précise que l’autopsie de l’assaillant devra déterminer si celui-ci était sous l’emprise de stupéfiants, d’alcool, ou d’une autre substance au moment des faits. Une plainte déposée par les parents de Muhamed Gueye Ce samedi, vers 12h30, Muhamed Gueye a débarqué sur le cours Napoléon, une artère très fréquentée d’Ajaccio, armé d’un couteau et a menacé des passants et des commerçants. « J’ai entendu des gens crier : cachez-vous ! », a raconté Krimau El Majouti, qui était attablé à la terrasse du bar Le Valinco avec ses amis, à Corse Matin . Rapidement, des policiers et des clients du bar ont tenté de maîtriser le jeune homme en lui lançant du mobilier, notamment des chaises et des tables. « Un des policiers, après d’ultimes sommations faites à l’individu de s’arrêter, finissait par faire usage de son arme de service immobilisant ainsi l’assaillant alors qu’il se trouvait à environ 100 ou 150 centimètres de lui », a expliqué le parquet d’Ajaccio. La police a d’abord fait usage d’un pistolet à impulsion électrique, sans succès. L’un des policiers a alors fait feu à trois reprises sur l’homme, qui est décédé sur place. Une enquête a été ouverte pour « homicide volontaire aggravé » à l’encontre du policier auteur des coups de feu, et une autre pour « tentative d’homicide aggravé » contre l’assaillant, a indiqué le procureur Nicolas Septe. Les parents de Muhamed Gueye ont annoncé qu’ils allaient déposer pour « homicide volontaire aggravé », a indiqué leur avocate ce dimanche, confirmant une information de Corse-Matin. « Dans quelles conditions la police a tiré les trois coups ? Est-ce que c’était vraiment nécessaire de riposter de cette façon ? » s’interroge Me Aljia Fazai-Codaccioni.