Le Fribourgeois quitte ses fonctions après vingt-deux ans passés au sein du Ministère public de la Confédération, qu’il a dirigé par intérim lorsque Michael Lauber a été poussé vers la sortie. Ce juriste chevronné contemple l’évolution de la lutte contre la délinquance en col blanc, dont il a connu la préhistoire Des milliards de francs, de dollars et d’euros sont passés sous son nez. Bloqués, séquestrés, gelés, confisqués ou compensés, ces fonds ont blanchi ou ont été suspectés d’avoir blanchi un crime, qu’il s’agisse de corruption transnationale, de faux dans les titres, de délits d’initiés à la bourse ou d’organisations mafieuses. Voilà vingt-deux ans que Jacques Rayroud ne s’occupait que de cela. Cette période de sa vie s’est achevée lundi 22 décembre, à 61 ans, avec une retraite anticipée de son poste de procureur général suppléant de la Confédération. Il le cède à un autre Fribourgeois, jusqu’ici procureur général de son canton, Fabien Gasser, tout juste élu par la Commission judiciaire de l’Assemblée fédérale, après avoir lui-même emboîté le pas à un résident du canton bilingue – une origine utile pour faire carrière à Berne. Portant des lunettes rouge et noir, un costume trois pièces bleu foncé, le voici assis dans un confortable fauteuil de la salle de représentation du Ministère public de la Confédération (MPC), à deux bons mètres de distance derrière l’épaisse table qui le sépare de son interlocuteur. Même s’il est peu exposé à la lumière médiatique, on imagine mal ce juriste chevronné suer durant l’exercice, après s’être frotté aux redoutables avocats qui arpentent les lieux afin de défendre oligarques, traders et banquiers. Voir plus