Le mot a fait une entrée fracassante dans le vocabulaire fédéral cette année. Mais la Suisse se soumet-elle à l’Union européenne, à Donald Trump ou à ses propres fantasmes effrayants? Comme souvent en politique, l’UDC sait trouver les mots qui frappent, agacent ou électrisent. Leur dernière trouvaille: soumission. En qualifiant les bilatérales III entre la Suisse et l’Union européenne (UE) de «traité de soumission», le plus grand parti du pays fait appel à un inconscient collectif sensible et porteur. La Suisse déteste se soumettre à plus fort qu’elle, à plus armé qu’elle, à plus totalitaire qu’elle. Rallumer sans cesse la flamme des batailles moyenâgeuses de Sempach et Morgarten participe du folklore d’une Suisse primitive et souverainiste cherchant à s’opposer à presque tout ce qui vient d’un extérieur menaçant. «Le mot «soumission» choisi par l’UDC est effectivement chargé, politiquement, militairement, historiquement et aussi émotionnellement, confirme Irène Herrmann, professeure ordinaire en histoire transnationale de la Suisse à l’Université de Genève. Il implique une forme de traîtrise contre l’indépendance et, en l’utilisant, ce parti sous-entend que les pro-européens trahissent la souveraineté du pays. Ce ressenti est encore plus fort en allemand puisque l’UDC exprime l’idée de soumission en mobilisant des termes suggérant que la Suisse risque de devenir un «bailliage» de l’UE – faisant ainsi une référence limpide à la soumission des premiers Suisses face au bailli Gessler, et plus largement aux Habsbourg.» Voir plus