Les policiers creillois le savent mieux que personne, la lutte contre le trafic de stupéfiants s’avère souvent longue et fastidieuse. Et quand elle concerne Herwann P., 19 ans, on peut même affirmer qu’il s’agit d’un perpétuel recommencement. Le 27 octobre dernier, des policiers sont appelés en renfort pour aider leurs collègues, insultés par un groupe de trois jeunes rue Henri-Dunant, à Creil , parmi lesquels Herwann P., vu en train de se débarrasser d’un petit sachet de cannabis. L’interpellation est un peu houleuse et parsemée d’outrages. Le jeune homme sort du commissariat avec une convocation pour une ordonnance pénale mais quelques heures plus tard, les policiers le retrouvent sur le même point de deal, rue Dunant. Direction une nouvelle garde à vue avec cette fois une convocation devant le tribunal en juge unique. « J’étais énervé par ce que j’ai pris un coup de genou » Mais cette fois encore, les policiers vont retrouver Herwann P. quelques heures plus tard au même endroit et en train de se livrer à la même et illégale activité. Sa troisième garde à vue en deux jours sera encore pire que les précédentes. Insultes, menaces de mort, le jeune homme est intenable et il n’est même pas possible de procéder à son audition tant il est énervé et incontrôlable. « Tu fais le malin, mais tu sais pas qui je suis », lance-t-il à un policier. « J’étais énervé par ce que j’ai pris un coup de genou dans la tête quand j’étais en cellule », explique Herwann P. à l’audience de ce lundi 22 décembre, au tribunal de Senlis. Interdit de séjour dans l’Oise pendant deux ans Le jeune adulte n’a pas encore de casier judiciaire mais était connu comme mineur, notamment dans des affaires de stupéfiants à Compiègne. « Il faut un électrochoc pour qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes », analyse la substitute du procureur, en réclamant 14 mois de prison dont dix mois avec sursis probatoire. « Il a été mis à la porte de chez lui par sa mère, il a dû renoncer à poursuivre son BTS, détaille Me Amandine Fontaine-Tardu, avocate de la défense. C’est un enfant, pas un adulte, il ne faut pas l’interdire de séjour à Creil, il faut lui interdire d’être présent dans l’Oise, son père est prêt à l’accueillir dans le Var. » Le tribunal a exaucé ce vœu, Herwann P. a été condamné à dix mois de prison avec sursis et est interdit de séjour dans l’Oise pour une durée de deux ans. Il n’a donc plus aucune raison, cette fois, de se trouver rue Henri-Dunant, à Creil.