Le sujet est dur et pourtant. À deux semaines de Noël, June fait un malaise. Le cancer contre lequel elle se bat depuis 3 ans s’est étendu. La voici à l’hôpital. Son mari, son fils et ses trois filles se retrouvent tour à tour à son chevet et sont amenés à surmonter les brouilles qui les tiennent éloignés depuis des années... Pour son premier film en tant que réalisatrice, et dans lequel elle joue, Kate Winslet , actuellement à l’affiche d’ « Avatar 3 » , parvient à transformer l’attente de la mort en une chronique familiale d’une tendresse infinie, tour à tour triste et drôle. Pour « Goodbye June », à disposition ce mercredi sur Netflix, la comédienne s’est appuyée sur un scénario écrit par son propre fils. Et dès les premiers plans, elle imprime une patte très personnelle à son film, filmant les gestes du quotidien d’un couple âgé avec douceur. Elle montre sans fard les chevilles abîmées, les mains qui tremblent, les pas mal assurés. Alertées de l’état de santé de leur mère par leur frère, Julia, Molly et Helen se rendent à l’hôpital. On comprend vite que les deux premières ne s’adressent plus la parole depuis longtemps. La troisième vit à l’étranger. Toutes sont croquées avec finesse. À les voir si différentes les unes des autres, on a du mal à croire qu’elles ont grandi ensemble. Inspiré de l’histoire familiale Julia, interprétée par Kate Winslet, est une femme d’affaires accomplie. L’oreille toujours collée à son téléphone, elle subvient aux besoins de tous, anime des réunions à distance en déposant ses trois enfants à l’école. La seconde (Andrea Riseborough), mère de quatre enfants dont un bébé, semble frôler le burn-out parental, fait tout un fromage pour un yaourt au lait de brebis et ne jure que par les produits bios. La troisième (délicieuse Toni Collette), adepte du pouvoir des pierres et de la sauge brûlée, anime des cours de danse holistique et se détend en méditant. Quant au frère (Johnny Flynn), le plus proche des parents, il semble plus effacé que ses sœurs. Ce n’est pas un hasard si ce drame familial sonne si juste. Joe Anders, le scénariste, n’est autre que le fils de Kate Winslet. Durant sa formation, le jeune homme a dû écrire un récit à partir de ce qu’il connaissait. Pour cela, il a puisé dans les souvenirs entourant la mort de sa grand-mère maternelle, décédée en 2017. « Quand j’ai lu son texte, je l’ai trouvé profondément authentique, certaines pages m’ont bouleversée, et j’ai tout de suite voulu que ce soit un film, a expliqué Kate Winslet. J’ai décidé de le produire et de jouer dedans. J’ai aussi compris que je ne pourrais pas en lâcher le moindre bout, donc je l’ai mis en scène. » Pudeur et sincérité désarmante Dans le rôle de la mère mourante, Helen Mirren est bouleversante. Chaque journée passée lui demande un effort supplémentaire, mais devant ses enfants et petits-enfants, elle ne laisse rien paraître de sa souffrance. Kate Winslet filme sa relation avec chacun des membres de la famille avec une pudeur et une sincérité désarmante. Grâce aux enfants, qui ancrent résolument cette fiction du côté de la vie, à l’infirmier des soins palliatifs, si compréhensif, aux petites bizarreries des uns et des autres, on rit autant qu’on pleure. Un film de Noël sublime qui invite à oublier les vieilles rancœurs pour mieux se rappeler qu’au bout du chemin, seuls comptent les gens qui nous sont chers.