Quelques minutes avant le début du match d’ouverture de la CAN 2025 entre le Maroc et les Comores (2-0), l’apparition sur la pelouse du prince héritier Moulay El Hassan a suscité une vaste vague d’émotion. Subjuguée devant son poste de télévision, Salma Benmansour a cru qu’il s’agissait d’un mirage : « C’était magnifique. Il représente les nouvelles générations ». L’opticienne de 50 ans, originaire de Casablanca et supportrice du Wydad, salue le fait que le Prince héritier ait serré les mains des joueurs des deux équipes avant le début du match, rappelant, comme le font certains chefs d’État lors d’autres rencontres. « C’est tout en la faveur du Prince, ça montre qu’il faut être fair-play, car cela reste du foot », relève-t-elle. Si le Prince héritier a déjà montré son attrait pour le ballon rond, notamment en remettant au Real Madrid le trophée de la Coupe du monde des clubs en 2014, son rôle central dans la cérémonie d’ouverture de la CAN n’a pas de précédent au sein du Royaume chérifien. « C’est la première fois qu’on voit son Altesse le prince dans un événement de cette envergure », rappelle M’hammed Boukaa, en insistant sur le profond respect des Marocains pour la famille royale, à l’image des baisers sur l’épaule du Prince déposés par chacun des joueurs marocains dimanche. M’hammed a particulièrement apprécié le fait que le Prince rejoigne le terrain sans parapluie malgré l’averse. Une preuve de « simplicité » selon le gérant d’une entreprise de vente de vêtements de travail. « Il a laissé tomber le protocole. C’était comme si c’était un pote qui rejoignait ses collègues pour un foot », dit-il. Supporter du Raja, il était présent en tribunes lors de la finale du Mondial des clubs 2013 perdue par son équipe face au Bayern Munich (0-2). Il se souvient du « cadre très strict » dans lequel s’était organisée la venue du Roi Mohammed VI à Marrakech. « C’est comme s’il était devenu un Marocain comme un autre » La célébration pleine d’enthousiasme du prince Moulay El Hassan sur l’ouverture du score de Brahim Diaz a aussi marqué les esprits. « Son explosion de joie, ça voulait tout dire. Il a presque oublié son statut, c’est comme s’il était devenu un Marocain comme un autre », avance Salma, pour qui « le Prince incarne un avenir ouvert » sur le plan culturel. Son apparition sur la pelouse symbolise aussi la continuité qu’il représente avec son père, le roi Mohammed VI, dont la volonté de développer les infrastructures du pays, notamment pour la CAN, se poursuivra lorsque le Prince héritier montera sur le trône d’après M’hammed. « Grâce à la vision du Roi, on rayonne sur le plan économique, et je pense qu’il va suivre les pas de son père », anticipe l’homme de 32 ans avec un large sourire. Mais l’image du Prince que les 37 millions de Marocains retiendront reste la louche qu’il a effectuée dans le rond central avant le coup d’envoi. « C’est le plus beau moment de la CAN », juge Ahmed Oukhadjou. Le créateur de contenus de 25 ans basé à Marrakech a réalisé juste après le match un montage montrant le Prince offrir une passe décisive en centrant pour Ayoub El Kaabi, auteur de la seconde réalisation des Lions de l’Atlas sur un retourné acrobatique . « Le but d’El Kaabi était également magnifique, donc je me suis dit : ces deux moments doivent être assemblés ensemble, avec en bande-son le commentaire du but en arabe », explique Ahmed. Quatre jours plus tard, la vidéo compte près de 13 millions de vues cumulées sur ses comptes Instagram et TikTok. Mais Ahmed a encore un rêve à réaliser : « Si le Maroc va en finale, j’espère que le Prince pourra nous remettre la Coupe, inchallah ! »