« C’est la beauté de la catastrophe » : les « bruits de glace » capturés par des chercheurs dans un podcast et un album

Des craquements secs, puis des grondements lourds, à la fois infernaux et froids, comme la carène d’un bateau écrasé par un monstre marin… Les « Bruits de glace », ce sont ces si sons particuliers qui ont motivé le Brestois François Joncour, musicien professionnel et ancien journaliste, désormais passionné d’acoustique, à accompagner des chercheurs en hydroacoustique lors de leurs recherches aquatiques. Une première campagne, en 2018, lui a permis de s’immerger dans le quotidien de l’écoute des océans avec les équipes du chercheur Laurent Chauvaud, directeur de recherche au CNRS, biologiste marin et plongeur, spécialisé en hydroacoustique. En avait découlé un premier album, Sonar Tapes (chez Music From the Masses). Puis François Joncour est reparti avec la même équipe, vers des horizons cette fois plus polaires, fin 2022. « On m’a proposé de partir au Spitzberg, dans l’archipel norvégien du Svalbard ( à l’est du Groenland, NDLR ), et plus précisément sur la base de recherche internationale de Ny-Alesund », raconte-t-il. « Les chercheurs avaient déposé deux hydrophones en enregistrement continu à l’entrée du fjord un an auparavant et revenaient les récupérer. La mission était donc de plonger pour vérifier si les appareils et la donnée étaient encore bien là. » Ainsi est né le podcast en trois épisodes « Bruits de glace » , qui suit les chercheurs dans ce froid polaire, à la manière d’une enquête scientifique. « J’avais envie de me mettre dans leurs pas, étant observateur. J’ai donc capturé les sons environnants, leurs conversations, les relations entre eux, leur préparation à plonger, leurs angoisses et leurs joies, etc. » Ce travail, à mi-chemin entre le documentaire et la création musicale, offre ainsi une autre façon de s’immerger dans le quotidien de ces travailleurs de l’ombre qui étudient l’impact du changement climatique sur les glaciers. « J’ai également réalisé un disque, 79°Nord , qui se veut une bande-son de ce projet », ajoute-t-il. « C’est une autre approche, poétique et musicale, une porte d’entrée via la musique et l’écoute, qui permet de parler autrement de la science qui étudie ces changements climatiques. Comme dirait Laurent Chauvaud : C’est la beauté de la catastrophe . »