[ Reportage] Coût de la vie, absence d'actions sociales : Quand les Thiessois tirent le diable par la queue!

Il est 19 heures au niveau de la promenade des Thiessois où convergent chaque jour des centaines de personnes. L'endroit est bien aménagé en cette période de fête de Noël. Les arbres et les poteaux sont bornés de dispositifs électroniques créant des ambiances visuelles dynamiques et variées. Dans l'enceinte du site, des jouets lumineux attirent les enfants venus souvent en famille pour profiter des vacances de Noël. Non loin de là, un autre décor s'installe. Des tables remplies de cacahuètes, d'oranges, entre autres, s'étalent à perte de vue. Une dame la quarantaine révolue, accompagnée de ses deux enfants, se présente devant nous et après les salutations d'usage, décide de s'ouvrir à nous. "Excusez-moi, Monsieur, je demande de l'aide pour mes enfants. Leur père a perdu son emploi. Il travaillait dans le secteur du bâtiment (BTP). Aujourd'hui, je me débrouille toute seule pour prendre en charge leurs besoins quotidiens et c'est vraiment très difficile pour moi. Alors, je suis venue vers toi pour solliciter votre appui". Après lui avoir remis symboliquement quelque chose et gagné peut-être sa confiance, elle a ainsi commencé à relater ses journées de labeur. " Je me nomme Aïda. J'ai quitté Louga, il y a une quinzaine d'années pour venir m'installer à Thiès avec mon mari. Auparavant, nous n'avions pas de problèmes majeurs pour subvenir aux besoins de notre famille. Mon mari travaillait et moi, je vendais de petites choses dans le quartier pour l'aider un peu. Mais durant ces 10 derniers mois, les choses ont radicalement changé. Mon époux ne travaille plus et pourtant nous devons impérativement nourrir nos enfants. Aujourd'hui, le sénégalais n'aide plus son prochain. La preuve, je me suis personnellement rendue dans certains services notamment au niveau de certaines collectivités territoriales (communes) à Thiès pour demander de l'aide, mais je n'ai reçu aucune réponse favorable. On m'a demandé de laisser mon nom et mon contact là bas et qu'ils allaient m'appeler, mais aucune suite n'a été donnée à cette requête. Les gens de nos jours s'intéressent plus aux choses insignifiantes qu'à la réalité concrète", a-t-elle lancé. Randoulène, un quartier populeux À Randoulène Nord à l'instar des autres quartiers de Thiès, les habitants tirent le diable par la queue. Ici, c'est la croix et la bannière pour les jeunes et les pères de famille pour s'en sortir. " Nous vivons des moments très difficiles. À Thiès, toutes les activités ou presque tournent au ralenti et nous n'avons que le secteur du transport et celui du commerce, mais même ces deux secteurs ne marchent plus parce que les gens sont aujourd'hui confrontés à un problème de liquidité. Nous ne savons plus vraiment où donner de la tête", a déclaré A. Ndiaye, père de famille, ayant requis l'anonymat. Lui amboitant le pas, un jeune vêtu d'un jean bleu assorti d'un tee-shirt lacoste à rayures, a ajouté : "les choses vont de mal en pis! Et en plus, nos autorités locales ne font rien pour nous accompagner. Aucune action sociale pour soulager le panier de la ménagère. Au contraire, elles préfèrent investir dans le folklore sans lendemain. C'est vraiment dommage!", a-t-il regretté. Avant de poursuivre : " l'État doit tout faire pour réduire davantage le coût de la vie sans quoi la situation risque encore de s'empirer. Et les conséquences seront désastreuses. On dit souvent que Thiès est une belle ville, mais une belle ville, on ne la mange pas. Et en plus la belle vue s'arrête sur la route principale en allant vers la promenade des Thiessois. Alors, je vous invite à entrer dans les quartiers, non seulement les populations ne mangent pas à leur faim, et en plus l'éclairage public fait défaut, les routes secondaires sont délabrées. À cela s’ajoutent les cas d'agressions et les séries de cambriolages qui s'accentuent de jour en jour dans les quartiers périphériques". Madina Fall, Thiès Nord Madina Fall est un quartier à l'image de Pikine. Un quartier grouillant, plein de vie, animé, où les gens et les activités fourmillent et se bousculent, créant une agitation constante. Derrière cette agitation de façade se cache une autre réalité, la pauvreté. " les populations de Madina Fall sont très impactées par la conjoncture actuelle. Ne pouvant plus subvenir aux besoins de leurs enfants certains pères de famille ont d'ailleurs démissionné. La conséquence, la délinquance a connu une augmentation sans précédent, en dépit des efforts de la police", a déclaré un habitant du nom de Omar Faye. À Silmang également, le constat est similaire. Dans ce quartier, les habitants ne demandent que deux choses aux autorités :  s'atteler à la demande sociale et procéder à la réhabilitation des routes secondaires. www.dakaractu.com