Vive tension dans le Sud-Ouest. Si plusieurs barrages ont été levés sur les autoroutes ces derniers jours, la colère des agriculteurs ne retombe pas. Vers 22h30 ce samedi, plusieurs d’entre eux ont mené « une action de dégradations de biens », à Auch, dans le Gers , a dénoncé la préfecture du département dans un communiqué publié aux premières heures de ce dimanche 28 décembre. « Un tracteur avec une épandeuse s’est positionné en travers de la route à proximité de la place de Verdun, et a aspergé la façade du journal La Dépêche du Midi », expliquent les autorités. Le conducteur du véhicule a été interpellé après une situation plus que tendue devant les locaux du quotidien. Des images filmées depuis l’intérieur du tracteur Malgré les demandes des policiers et des gendarmes à « cesser son action et immobiliser son engin », « le conducteur (a entamé) une manœuvre et (a avancé) vers les forces de l’ordre. Cette manœuvre dangereuse les (a obligé) à faire de nouvelles sommations avec sortie d’arme », relate la préfecture, précisant que le Directeur départemental de la police nationale était sur place. Des images filmées à l’intérieur du tracteur, diffusées sur Facebook et relayées par la Coordination rurale - et dont Le Parisien a pu vérifier qu’elles ont bien été captées sur l’Avenue de l’Yser à Auch, à proximité du journal La Dépêche - montre un des policiers pointer son arme vers le véhicule. « Arrêtez le tracteur ! » entend-on, tandis que les CRS sur la chaussée font reculer d’autres agriculteurs. « Tu arrêtes le moteur et tu descends calmement » lance un autre policier. « C’est la guerre avec le monde agricole ! On est là pour montrer notre mal-être agricole, on casse rien !! Nous avons passé noël dehors ! » a réagi la Coordination rurale du Gers, s’indignant de la scène. « C’est quoi ça ? ! Pointez une arme sur un de nos paysans qui vous nourrit ? ! Honteux !! On crèvera pas en silence », écrit le syndicat sur Facebook. Le conducteur placé en garde à vue « Le conducteur a immédiatement stoppé le mouvement et arrêté le moteur du tracteur. Il a été placé en garde à vue pour dégradations en réunion peu avant 23 heures », indique le communiqué de la préfecture. L’individu, dont l’identité n’a pas été dévoilée, devait être « auditionné » dans la nuit. Peu après, le calme est « très rapidement revenu sur place » et « les manifestants présents ont rapidement engagé le nettoyage de leurs méfaits sur la façade concernée », concluent les autorités. Le Gers est l’un des départements où les agriculteurs sont les plus mobilisés contre la gestion gouvernementale de la dermatose bovine. Dans la nuit de vendredi à samedi, ils avaient déjà déversé de la paille et des déchets devant la préfecture du département pour protester notamment contre l’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté de dermatose. Depuis le début de l’épidémie de DNC en Savoie cet été, l’État tente de contenir la propagation du virus en se basant sur « trois piliers » : l’abattage systématique d’un troupeau dès la détection d’un cas, la vaccination et la restriction de mouvements. Une gestion fortement contestée par une partie des agriculteurs, notamment de la Coordination rurale (deuxième syndicat de la profession, classé à droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche), qui rejettent cette stratégie d’abattage des troupeaux entiers au moindre cas détecté.