Mort de Brigitte Bardot : « Et Dieu créa… la femme », « la Vérité »… Sa carrière au cinéma en cinq films

Brigitte Bardot s’est éteinte ce dimanche à l’âge de 91 ans. Elle a tourné dans un peu moins de 50 films avant de tourner brutalement le dos au cinéma en 1973, avant ses 40 ans. Voici les meilleurs, et surtout ceux qui la racontent le mieux. « Et Dieu créa… la femme » (1956) Roger Vadim, son premier mari, la révèle dans ce film fétiche où la liberté d’improvisation de BB est phénoménale dans la longue séquence où elle danse le mambo dans un restaurant de Saint-Tropez. Bardot, ancienne danseuse classique, conçoit elle-même sa chorégraphie. En jouant Juliette, orpheline de 18 ans qui refuse de se laisser dicter sa conduite et sa vie, elle incarne déjà une révolution féminine, une séduction assumée et un goût de la liberté. Trois hommes se disputent Juliette : le promoteur et directeur de boîte de nuit d’âge mûr, Carradine (Curd Jürgens, alors une star internationale, sans qui le film n’aurait pas existé), Michel (Christian Marquand), un jeune homme sûr de lui, et son petit frère Antoine (Jean-Louis Trintignant) . Le film reste très vivant par l’aspect presque documentaire sur le Saint-Tropez de la jeune BB. « En cas de malheur » (1958) Un excellent film noir, ténébreux, sec, sale, adapté d’un roman de Simenon, dans lequel l’actrice joue une jeune délinquante qui, après un cambriolage ayant mal tourné, fait appel à un avocat renommé pour la défendre. Lui, c’est Jean Gabin , face à une Brigitte Bardot auréolée de son succès international. Elle est ici au second plan, dans un ménage à trois, voire à quatre, brillamment orchestré. L’avocat quinquagénaire tombe amoureux de sa protégée, sous les yeux douloureux de sa femme, jouée admirablement par Edwige Feuillère, et du petit copain étudiant de la voleuse occasionnelle. Le film a été interdit aux moins de 16 ans, pour une scène de nu plus qu’osée à l’époque — face à Gabin en costume… — et peut-être pour l’immoralisme du propos. Au cœur des passions humaines. « La Vérité » (1960) Peut-être le tournage le plus dur de sa carrière. Bardot a été giflée, violentée par le cinéaste Henri-Georges Clouzot ( « les Diaboliques », « le Salaire de la peur »), qui cherche à la mettre dans la situation de son personnage. Dominique, jeune femme qui n’a jamais été amoureuse, s’éprend d’un chef d’orchestre (Sami Frey) promis à sa sœur. Il va la séduire puis l’abandonner, dans le Paris moderne et noctambule de la fin des années 1950. Elle le tue sans préméditation. Le suspense repose sur le procès et le portrait d’une coupable, qui a d’abord été victime. « La Vérité », c’est celle de la violence du sentiment amoureux, que l’accusée assène à ses juges et à l’époque. Paul Meurisse représente le parquet, Charles Vanel, la défense, dans ce film de procès qui consacre Bardot comme une grande actrice jusqu’aux États-Unis. « Vie privée » (1962) Son grand film méconnu, d’une autobiographie saisissante, et qui a longtemps disparu des écrans ou DVD en raison de conflits sur les droits et de la qualité de la copie, restaurée très récemment . Jill, ex-danseuse et mannequin, tourne des films « sans conviction », comme elle dit, et devient une superstar malgré elle, harcelée par les paparazzis. Tout comme Bardot. Tellement de scènes sonnent vraies, comme le voyage en Italie, auprès de son amoureux joué par Marcello Mastroianni, dans le rôle d’un homme de théâtre doux et intello. Elle pense se protéger et se retrouve cernée par les chasseurs d’images jour et nuit. Une chronique acide, grinçante de la célébrité, tournée par un Louis Malle alors âgé de 29 ans, qui réalisera également « Viva Maria » avec elle. Le film sort l’année du suicide de Marilyn Monroe, auquel il fait aussi penser. Visionnaire. « Le Mépris » (1963) Son chef-d’œuvre. Le film le plus hollywoodien de Jean-Luc Godard , même si certains le trouvent encore trop formaliste. Des couleurs pop, comme cette scène d’anthologie où Brigitte Bardot, allongée sur le ventre, nue et habillée par ces lumières rouges ou bleues, demande à Michel Piccoli, qui joue son mari scénariste : « Tu les aimes mes fesses ? » Tourné en Italie, à Cinecitta, et dans la villa somptueuse de l’écrivain Curzio Malaparte , sur l’île de Capri, entre la baie de Naples et le golfe de Salerne, « le Mépris » raconte deux deuils : la fin d’un couple, Camille n’éprouvant plus que « mépris » pour Paul, et celle du grand cinéma à l’ancienne, sur une musique hypnotique du compositeur Georges Delerue. Un des grands films des années 1960, tourné en Cinémascope, et avec le cinéaste Fritz Lang dans son propre rôle de vieux réalisateur balayé par le cynisme d’un producteur, joué par Jack Palance.