C’est au téléphone que nous avons pu joindre le journaliste et écrivain Henry-Jean Servat , un proche de Brigitte Bardot, disparue ce dimanche à l’âge de 91 ans à qui il a rendu régulièrement visite à la Madrague. Il lui consacre même une exposition gratuite à Nice actuellement. Très ému, parfois en pleurs, il nous raconte leur amitié profonde, née d’une passion commune pour la protection animale. Une femme engagée et entière, au-delà de l’icône de cinéma. Vous perdez aujourd’hui une amie chère… HENRY-JEAN SERVAT. En 2027, on aurait fêté nos 40 ans d’amitié. Je l’ai rencontrée en 1987. Brigitte avait décidé de renouer avec la télévision. Elle lançait le premier numéro de « SOS Animaux ». Il fallait faire de la promotion, et elle avait contacté Roger Thérond, le patron de Paris-Match où je travaillais. Comme tout le monde savait que j’adorais Bardot, que je l’avais déjà interviewée par écrit pour Libération, Thérond m’a envoyé chez elle. Je l’ai rencontrée pour la première fois dans sa petite maison parisienne. Comment s’est passée cette première rencontre ? D’emblée, nous nous sommes merveilleusement entendus. Nous aimions tous les deux les animaux à la folie. Moi, j’étais fou d’elle, et on est devenus très proches. Je l’ai interviewée des dizaines de fois pour les différents journaux pour lesquels j’ai travaillé. Quel genre d’amie était-elle ? Elle était formidable, et maintenant, elle est éternelle. J’ai habité chez elle à la Madrague, j’ai voyagé avec elle, on a vécu des moments très forts. Elle avait ses folies, elle avait ses passions, elle était engagée et s’emportait souvent. Mais toujours pour la bonne cause. Ses coups de gueule contre les politiques n’étaient jamais méchants. Brigitte était une femme entière et de combat. Loin de l’icône du cinéma ? Elle n’avait aucune complaisance pour son passé. Regarder ses films , elle s’en foutait complètement. Elle était dans la modernité, dans le combat, et depuis des années, sa vie, c’étaient les animaux. On en parlait de temps en temps, et parfois, si ses films étaient programmés à la télé, il m’est arrivé de les regarder avec elle à la Madrague. Je me souviens une fois, on a vu « Et Dieu… créa la femme ». Et Brigitte a dit en riant : « Elle est pas mal cette fille, elle est jolie et elle joue plutôt bien. » On a sorti des chiens des fourrières de Ceausescu en Roumanie Henry-Jean Servat Vous l’avez suivie dans ses combats notamment ? J’ai beaucoup voyagé avec elle dans beaucoup de pays pour sauver des animaux. On s’est couchés ensemble sur des autoroutes pour empêcher les camions qui transportaient des chevaux d’Ukraine dans un état atroce, on a sorti des chiens des fourrières de Ceausescu en Roumanie. Rien ne l’arrêtait pour dénoncer la maltraitance animale. On partait avec un petit avion depuis l’aéroport de La Môle de Saint-Tropez, avec elle, son mari, son secrétaire et son chargé de presse. Comment lui rendre hommage ? Le plus beau témoignage d’amour et de tendresse qu’on peut avoir pour Brigitte Bardot, c’est de reconnaître ce qu’elle a fait pour les animaux. Il faut que tous les gens qui aiment Bardot, tous ceux qui sont effondrés comme moi aujourd’hui, relèvent la tête et continuent son combat pour la protection animale. Et les politiques ? Le président Emmanuel Macron et le gouvernement seraient bien inspirés de créer un secrétariat d’État aux animaux. C’est ce qu’elle aurait aimé. Ce serait le plus bel hommage qu’on puisse lui rendre.