Dans une réunion européenne de néonazis, le rôle-clé de la branche suisse des «Hammerskins»

Quelque 500 néonazis venus de toute l’Europe, membres du groupe violent Hammerskins, se sont réunis mi-novembre près de Milan. Parmi eux, au moins une douzaine de militants suisses, rapporte ce dimanche le «SonntagsBlick», qui a exploité des images tournées en caméra cachée Des cris de «Sieg Heil» et des riffs de groupes de rock néonazis ont retenti le 15 novembre dernier à Lonate Pozzolo, près de l’aéroport de Milan, accompagnés de saluts hitlériens. Ce samedi-là, quelque 500 néonazis venus de toute l’Europe se sont réunis en secret à l’occasion du «Hammerfest», un événement célébrant les 30 ans de la branche italienne des Hammerskins. Parmi eux, au moins une douzaine de Suisses ont joué un rôle-clé, rapporte ce dimanche le SonntagsBlick , qui a exploité des enregistrements réalisés en caméra cachée par Exif , un groupe de recherche allemand antifasciste. Comme le montrent les photos d’Exif, la bannière de la branche suisse des Hammerskins (deux marteaux croisés au-dessus d’une roue dentée) flottait sur la scène. Trois Suisses assuraient la sécurité et deux Suissesses tenaient un stand de vente. Plus tôt dans la journée, la direction des Hammerskins s’était réunie pour une réunion stratégique interne appelée la «réunion des officiers européens». Des cadres italiens, allemands, français , espagnols, néerlandais, suédois, finlandais et suisses du mouvement y participaient. Lire aussi: MMA, helvétisme et «pouvoir blanc»: comment les Active Clubs se développent discrètement en Suisse Des figures familières de la scène suisse étaient présentes en Italie, note le SonntagsBlick . Outre de jeunes néonazis, le journal a relevé la présence d’un certain T.W. (nom connu de la rédaction de Blick ), un homme d’une cinquantaine d’années originaire du centre de la Suisse, membre des Hammerskins depuis plus de vingt ans. Attaques violentes contre des militants de gauche et des migrants La branche suisse a été fondée le 17 août 1990, trois ans jour pour jour après la mort de Rudolf Hess, compagnon politique indéfectible d’Adolf Hitler. Première section européenne à avoir été fondée, elle est considérée de ce fait comme la «section mère»: c’est de là que l’organisation, originaire des États-Unis, s’est étendue à travers l’Europe. Les Hammerskins se sont fait connaître du public suisse pour la première fois en 1995, lorsqu’ils ont défilé avec une foule lors de la «manifestation Blocher» dans le quartier de Niederdorf à Zurich et attaqué des contre-manifestants issus de la gauche radicale, rappelle le journal. Lire aussi (2019): Trois groupes de rock néonazis invités en Suisse Dans les années qui ont suivi, les Hammerskins suisses ont perpétré à plusieurs reprises des attaques violentes contre des militants de gauche et des migrants. Des membres de la scène suisse entretenaient également des liens étroits avec l’entourage immédiat du NSU (National Socialist Underground), la cellule terroriste d’extrême droite dirigée par Beate Zschäpe, responsable du meurtre de neuf migrants et d’une policière en Allemagne entre 2000 et 2007. L’organisation s’est faite plus discrète ces dernières années. Mais en coulisses, ses membres restent actifs, comme le montre l’enquête d’Exif et de Blick . Interview: Johann Chapoutot, historien: «Pour une frange de l’extrême droite, les nazis sont ceux qui ont réussi»