« Iconique ». On a fini par détester ce mot, employé à toutes les sauces jusqu’à l’écœurement : une chanson, une voiture, une tenue, sorties la semaine dernière ou presque sont déjà iconiques. Brigitte Bardot , elle, l’était vraiment. N’en déplaise sans doute à ceux qui voient des icônes partout désormais. Certes, quelques heures après sa disparition ce dimanche à l’âge de 91 ans, les plus jeunes s’arrêteront sans doute aux dernières années de sa vie, faites d’ engagements politiques extrêmes et de déclarations douteuses , à son quotidien misanthrope, recluse à la Madrague où elle tirait parfois à boulets rouges sur le cinéma, le Festival de Cannes, la société des hommes, à qui elle préférait les animaux . Les plus anciens n’oublieront jamais la sensation des années 1960, l’incroyable chanteuse de tubes écrits sur mesure par Serge Gainsbourg, la sensuelle comédienne du « Mépris » et de « Et Dieu créa la femme » , qui affola les foules et choqua jusqu’au Vatican. Et aussi la femme frondeuse qui abandonna le 7e art en pleine gloire pour défendre la cause animale. Un sujet au cœur des préoccupations d’aujourd’hui, qui n’intéressaient pas grand monde à l’époque, dans les années 1970. Moquée, brocardée, caricaturée à outrance quand elle posait avec un bébé phoque à la une de magazines, B.B. n’en avait cure. Libre, indépendante, affranchie des hommes qui ont traversé sa vie, Bardot incarnait la femme puissante, le féminisme avant l’heure , même si elle s’agaçait qu’on le lui rappelle. Tout ce qui a fait d’elle une star « iconique », mot qu’elle détestait, comme nous.