On le sait. Vous n’avez pas besoin de nous pour aller chercher les incontournables chansons de Noël. Encore moins pour vous conseiller « All I Want For Christmas Is You » de Mariah Carey - et pourtant on l’adore - ou « Snowman » de Sia, « Last Christmas » de Wham. Inutile de vous parler de « Santa Claus Is Coming To Town » de Dean Martin et Frank Sinatra. On a préféré vous emmener ailleurs, vous proposer des chansons de saison plus rock, plus rap, plus audacieuses, bref, plus inattendues. Vous en connaissez sans doute certaines mais pas toutes. Question de styles et de générations. Voici notre playlist à nous pour Noël. Siouxsie and The Banshees : « Il est né le divin enfant » (1982) La grande prêtresse punk gothique Siouxsie Sioux n’a pas seulement signé quelques classiques du rock anglais des années 1980 avec ses Banshees. (On vous conseille les fantastiques albums « Hyaena », « Tinderbox » et le live « Nocturne ») . Elle a aussi osé une reprise foutraque de « Il est né le divin enfant », en français dans le texte, interprétée alors dans « Les Enfants du rock » sur Antenne 2. L’extrait de l’émission est hallucinant : on y voit un Robert Smith, le chanteur de The Cure qui avait rejoint les Banshees en tant que guitariste pendant quelques mois, tenant à peine debout après, visiblement, n’avoir pas abusé que du foie gras. Band Aid : « Do They Know It’s Christmas ? » (1984) On se souvient facilement du fameux « We are the world » d’USA for Africa emmené par Harry Belafonte, Lionel Richie et Michael Jackson. On se souvient moins de la première chanson contre la famine en Afrique sortie avant cela en Grande-Bretagne. À l’initiative de Bob Geldof, le Band Aid réunissait la crème de la crème anglaise, de Bono à Paul Young en passant par Sting ou Phil Collins pour une excellente chanson pop écrite par Geldof lui-même et Midge Ure d’Ultravox. « Est-ce qu’ils savent que c’est Noël » scandait le collectif mobilisé pour l’Éthiopie. Historique. Ramones : « Merry Christmas (I Don’t Want To Fight Tonight) » (1989) On peut être d’indécrottables punks. On a aussi un petit cœur qui bat. C’était le cas des Ramones, dont les chansons ont toujours brillé par leur simplicité et leur efficacité. Ce « Joyeux Noël » n’échappe pas à la règle. Le groupe new-yorkais reste deux minutes branchées sur 100 000 volts mais se montre apaisé dans son texte façon trêve des confiseurs. Mignon. Les Wampas : « Ce soir, c’est Noël » (1990) Nos Ramones à nous. Il fallait bien que Didier Wampas s’empare de la magie de Noel pour en faire un hymne punk à la française. Premier ou deuxième degré, peu importe, il est question de la neige sur le Mont Saint-Michel, un peu et de « palapapapa », beaucoup, en guise de refrain. À défaut d’être le Père Noël, les inconditionnels du groupe vous diront que « Didier Wampas est le roi ». The Pogues : « Fairytale Of New York » (1988) On ne présente plus les Pogues aux plus anciens d’entre nous. Mais on a toujours envie de partager avec les plus jeunes ce formidable groupe qui mêlait l’énergie du punk et la musique traditionnelle irlandaise. Au milieu de son meilleur album « If I Should Fall From Grace With God », le groupe emmené par l’inoubliable gueule cassée Shane MacGowan glissait ce merveilleux « Conte de New York » en duo avec la divine Kirsty MacColl. Pourtant, il s’agit là d’une scène de ménage un soir de Noël. Mais trente-huit ans plus tard ce chef-d’œuvre nous file toujours le même frisson. Jacques Dutronc : « La fille du Père Noël » (1966) Quand Jacques Dutronc veut chanter Noël, forcément ça décoiffe. Comme l’interprète des « Cactus » ne fait jamais rien comme tout le monde, il s’imagine surtout en « fils du Père Fouettard » finir au lit avec la fille de notre vieux barbu Noël adoré. Aidé par son parolier Jacques Lanzmann, son réveillon se termine par une partie de jambes en l’air réservée aux adultes. Un classique. Snoop Dogg : « Doggy Dogg Christmas » (2020) Snoop Dogg est capable de tout. Faire du gangsta rap à la cool, devenir une star des JO de Paris sans participer à la moindre compétition et même nous raconter son Noël chez lui. Il en a fait tout un album « Christmas in tha Dogg House » en 2008 et un single en 2020. À écouter pour bien démarrer la soirée avec un hip-hop teinté de funk. Renaud : « Le Père Noël noir » (1981) Pour le Splendid, « Le Père Noël est une ordure ». Pour Renaud il est, en fonction du couplet, « un crétin », « un pov’mec » voire « un poivrot ». En 1981, le tout jeune chanteur dynamitait le légendaire barbu, pas si fréquentable que ça. Le genre à lui chouraver sa « gratte », lui laisser « le boxon », lui ruiner sa moquette et « s’piquer la ruche à l’anisette ». « Petit Papa Noël. Toi qu’es descendu du ciel. Retournes-y vite fait bien fait. Avant que j’te colle une droite. Avant que j’t’allonge une patate », chante-t-il dans le refrain. La meilleure façon de ne plus y croire. Ryuichi Sakamoto : « Merry Christmas Mr Lawrence » (1983) Il suffit d’une phrase pour rattacher cette chanson à Noël. Mais quelle chanson. « Merry Christmas Mr Lawrence », titre original du film « Furyo » avec David Bowie et réplique lancée par l’un des personnages est aussi un morceau instrumental composé par le génial musicien japonais Ryuichi Sakamoto . L’artiste donne la réplique à l’interprète de « Let’s Dance » et a signé la bande originale du long-métrage. La version chantée par David Sylvian rebaptisée « Forbidden Colours » enregistrée en 1987 est un bijou inestimable. La Compagnie créole : « Bons baisers de Fort de France » (1984) « Noël, Joyeux Noël. Bons baisers de Fort de France ». Ne nous remerciez pas. Vous allez l’avoir dans la tête toute la journée. Qu’importe. Il y a toujours une place sous le sapin pour cette chanson de la Compagnie Créole que l’on cite beaucoup moins souvent que « Le Bal masqué » (« oh hé, oh hé », ça aussi c’est cadeau). Et pourtant, on a toujours eu un petit faible pour ce morceau qui nous raconte le 24 décembre en Martinique (« Ici les champs recouverts de neige. On ne les connaît qu’en photo. Le Père Noël n’a pas de traîneau. Mais pour tout le monde y a des cadeaux ») . À chanter en famille avant de reprendre une part de bûche. AC/DC : « Mistress For Christmas » (1990) Encore une chanson de Noël pour adultes ? Sans doute. Il s’agit davantage d’une allusion que d’une vraie célébration du 25 décembre chez les éternels rockeurs australiens. En 1990, ils espéraient surtout un cadeau le soir du 24, au pied du sapin. « Une maîtresse pour Noël ». Simple, efficace et mais pas toujours d’une finesse absolue. « J’aime les formes féminines avec une robe minime », hurle le chanteur. AC/DC n’a jamais vraiment fait dans la dentelle. Gaspard Royant et Aurélie Saada : « Wishing You A Merry Christmas » (2024) C’est sans doute l’artiste le moins connu de cette sélection. Mais Gaspard Royant reste un joli cadeau surprise à l’heure des fêtes. Fan de rock sixties, de Bill Haley et Elvis Presley, ce chanteur compositeur français de 46 ans, avec ses cheveux gominés et ses costards rétro, voyage dans le temps et sa musique avec. Depuis une petite dizaine d’années, il reprend à son compte la tradition anglo-saxonne des chansons de Noël. Cela donne notamment un album délicieux sorti en 2024, « All the best for Christmas » où l’on retrouve ce duo avec l’ex Brigitte, Aurélie Saada. Run DMC : « Christmas In Hollis » (1987) « Vous n’avez pas un truc qui fasse plus Noël ». La phrase est prononcée par Bruce Willis au début de « Piège de cristal » alors que son chauffeur de taxi met « Christmas in Hollis » de Run DMC dans la voiture. Et pourtant, il s’agit bien là d’une chanson parfaite pour l’ouverture de ce premier « Die Hard » qui se passe le soir du 24 décembre. Le trio de rappeur new-yorkais y dépeint la veillée dans son quartier de Hollis à sa manière. L’un d’eux tombe sur le portefeuille du vieux barbu dans un parc avec un million de dollars dedans mais « pas question de voler le Père Noël », sa maman cuisine du « poulet, du chou et des macaronis au fromage… » L’esprit de Noël hip-hop. Florent Marchet : « Vive le vent » (2011) On l’adore pour ces chansons grinçantes, sa façon d’écrire des textes en miroir sur nos existences. Non content de signer régulièrement de grands disques de chansons originales, Florent Marchet a sorti en 2011 un album où il reprend « Douce nuit », « Vive le vent », « Petit Papa Noël » mais aussi « Joyeux Noël » de Barbara ou « Noël à la maison » de Jean-Louis Murat. Une curiosité qu’il est encore temps de découvrir Chris Rea : « Drivin Home For Christmas » (1986) On ne pouvait pas finir cette playlist sans un clin d’œil et un hommage à Chris Rea, disparu ce lundi à l’âge de 74 ans. Le chanteur guitariste n’a pas seulement enregistré des tubes entre blues et pop comme « On The Beach » et « Josephine ». On lui doit aussi cette douceur jazzy « Driving Home For Christmas » sortie en 1986 et qui remonte tous les ans en décembre dans le top britannique. C’est d’autant plus le cas cette année quelques heures après sa disparition.