Il lance la contre-attaque sur le terrain judiciaire. Selon nos informations, Thomas Legrand va déposer ce mercredi après-midi une plainte simple devant le parquet de Paris. En cause, la publication par Europe 1 à partir du 16 décembre de plusieurs articles relatant le contenu supposé d’un échange privé que le journaliste a eu le 15 avec l’ex-patronne de France Inter, Laurence Bloch , dans un café parisien. « Nous visons trois délits », explique son avocat, Antoine Ricard. D’abord, la « captation illégale » de la conversation, c’est-à-dire « l’enregistrement et la transmission de paroles d’une personne sans son consentement » (article 226-1 du Code pénal). Une plainte déposée contre X, « puisqu’on ne sait pas qui a fait la captation », complète le conseil. Deuxième angle d’attaque, la « conservation, divulgation et utilisation de l’enregistrement obtenu de manière illicite ». Une plainte visant cette fois les médias Europe 1, à l’origine de l’affaire, mais aussi CNews. Dans le viseur de Maître Ricard notamment, une phrase de Pascal Praud prononcée le 16 décembre au début de son émission, « L’Heure des pros », codiffusée à ce moment-là sur la radio et la chaîne de télévision de la galaxie Bolloré. Après avoir cité à l’antenne des propos prêtés à Laurence Bloch dans les articles d’Europe 1, l’animateur avait précisé à son public : « Tout ce qu’on se dit est enregistré bien sûr. On ne peut pas le passer bien évidemment parce que c’est interdit. Mais tout ce que je vous ai dit, tout cela est codifié. » « Il reconnaît qu’ils ont l’enregistrement », résume l’avocat de Thomas Legrand au sujet de la star de CNews, estimant que cette phrase « caractérise l’infraction ». « On a fabriqué des fake news » Troisième délit signalé au procureur de la République et visant les mêmes médias, la diffusion « de fausses nouvelles susceptibles de troubler l’ordre public ». « L’idée est que, au-delà de la captation illégale, le contenu a été falsifié, travesti. On a fabriqué des fake news », attaque le représentant du journaliste. Exemple donné par ce dernier : lorsque Europe 1 assure que Laurence Bloch était « en service commandé pour pousser Thomas Legrand à démissionner de Radio France. C’est complètement faux, tacle Maître Ricard. Pour la simple et bonne raison que Thomas Legrand n’est déjà plus à Radio France depuis un moment » - il a quitté la rédaction de France Inter en 2022 et n’a plus de contrat avec Radio France depuis le 31 août 2025, a récemment précisé Sibyle Veil, la PDG de l’entreprise publique. Quant au trouble à l’ordre public, il concerne selon l’avocat le fait que ces « fausses nouvelles » soient « recyclé(es) quasiment en temps réel » par « un parlementaire » de l’actuelle commission d’enquête sur la neutralité de l’audiovisuel public. Dans son viseur, le rapporteur UDR du groupe de travail, Charles Alloncle, qui a notamment évoqué ce café avec Laurence Bloch lors de l’audition de Thomas Legrand le 18 décembre . « Une fake news fabriquée le lundi, diffusée le mardi et reprise dès le mercredi par un député dans une commission d’enquête à l’Assemblée nationale, cela cause un certain trouble à l’ordre public », estime l’avocat. Laurence Bloch a également l’intention de déposer plainte Au procureur de la République désormais de décider quelles suites il compte donner à cette plainte. Et de diligenter ou non une enquête. Contactée, Laurence Bloch assure de son côté vouloir également déposer plainte dans cette affaire, et « très vite », sans donner plus de précisions. Également joints, CNews et Europe 1 n’ont pas souhaité faire de commentaire. Cette plainte de Thomas Legrand s’ajoute à celle qu’il a déposée le 18 septembre contre X et contre « L’Incorrect », un magazine fondé par des proches de Marion Maréchal. Le dossier concerne cette fois la publication, en septembre, par le titre de presse de vidéos tournées clandestinement et montrant une autre conversation privée dans un café parisien entre le journaliste de Libération, son confrère Patrick Cohen et deux responsables du Parti socialiste. Dans cette autre affaire, les trois mêmes délits ont été invoqués par Maître Ricard, qui y a ajouté la publication « d’un montage réalisé avec les paroles ou l’image d’une personne sans son consentement » (article 226-8 du Code pénal). Une première plainte dont le parquet s’est déjà saisi avec des investigations en cours. Thomas Legrand et Patrick Cohen - qui a également porté plainte dans cette affaire - ont ainsi été entendus dans ce dossier le 3 novembre par la police, tout comme le directeur de la rédaction de « L’Incorrect », Arthur de Watrigant, début décembre.