Un ciel à neige et cette question dans toutes les têtes : « Qu’est-ce que je fais là ? » Ce dimanche 28 décembre, il n’est pas 9 heures mais le bourg de Feuguerolles-Bully, à 10 minutes de Caen (Calvados), fourmille. Pour les coureurs - et marcheurs -, l’année sportive se boucle ici dans la vallée de l’Orne, au trail de la Guigne, parmi les tout derniers organisés dans le pays en 2025. « C’est sympa de faire le dernier. On a fait quelques petites sorties course le 23 et le 27. Ici, on vient éliminer les toxines, on ne reste pas dans le canapé », sourit Manu, membre d’un groupe de running de Tilly-sur-Seulles, non loin de là. Au menu, deux parcours de 14 et 28 km, ainsi qu’un départ de marcheurs sur 14 km 1 069 inscrits pour ce rendez-vous niché entre les réveillons. L’événement affiche complet alors que le thermomètre est à peine zéro. « C’est une période atypique », conviennent Claire et Aurélie. Ces deux amies de collège résument leur présence à Feuguerolles en un mot : « on est cinglées. On a participé à une course en novembre. On voulait en refaire une ». Des familiers des courses nature sont là. Un récent recordman du monde de chrono sur les grands marathons mondiaux aussi : le Caennais Dorian Louvet , finalement arrivé 3e du 14 km. D’autres s’élancent pour la première fois, pour des raisons qui ne s’inventent pas : « On surnomme notre pote Alexy La Guigne , expliquent Manon et Madalin. Quand on a vu ce trail de la Guigne, on s’est inscrit tous les trois ». Nouveau départ en 2026 Puisque tout le monde est motivé, nous aussi. Nous serons de ce dernier départ. Dès l’échauffement, la sensation de froid s’estompe rapidement. « On a surtout une pensée pour les signaleurs, qui attendent immobiles dans le froid », saluent trois coureurs d’un club de triathlon de Deauville-Trouville. Le 28 km part à 9 heures, une demi-heure avant « notre » 14 km. Départ à vive allure. Les premiers sentiers donnent le ton : hormis une fraîche flaque d’eau inaugurale, la boue est gelée. « Pour mon premier trail, j’avais peur que ça glisse comme je n’ai pas des chaussures adaptées, confie Louna. Le sol était dur, c’était rassurant. » Le principal piège intervient à mi-course, dans un virage en épingle vers les rives de l’Orne. Un coureur nous prévient. Simple dérapage. Aurélie n’a pas eu la même chance : « Elle s’est trâlée , c’était un bijou », ironise son amie Claire. Régulièrement, et jusque dans la forêt, des supporters bravent également le froid. Sur les vallons de l’Orne, des cris retentissent ici et là. Une multitude de tâches colorées, souvent fluo, sillonnent les champs blanchis. Ici et là, la glace craquelle sous les pas. Les deux amies de collège ont pris le temps de regarder autour d’elles : « On se faisait des signes pour regarder les lieux. Le paysage est chouette. On a bien aimé les coins en forêt, ça donnait envie d’y rester. Il y avait un côté cocooning ». Un dernier tour de parc et retour dans le bourg, qui au sprint, qui jetant ses dernières forces dans la bataille. L’arche d’arrivée sonne le glas d’une « grosse saison ». « On est venu ici pour le plaisir. Ça permet d’occuper la coupure avant de reprendre et de rester en forme pendant les fêtes », assurent les triathlètes deauvillais. Les copains d’Alexy « La Guigne » se tapent dans la main à l’arrivée. « Ça a été dur de se motiver mais une fois lancé… On le refera. » Personne n’est surpris par l’affluence à la course. « On sent bien l’engouement autour du trail et de la course à pied et ce trail est de plus en plus connu », répète-t-on dans la grande salle d’arrivée, écrin d’un buffet attendu. « Maintenant on est prêt pour le Nouvel An », s’amuse un participant. Dès janvier, ils seront nombreux à remettre le couvert, sur les premiers trails de 2026. Gants, cache-cou et bonnets passeront aussi la nouvelle année.