Un guide pour partir à la découverte des orgues valaisans

Parmi les plus de 250 orgues que compte le canton, l'ouvrage «Les orgues en Valais: itinéraire d'un patrimoine vivant» en présente 20, qui sont autant de témoins de près de 600 ans d'histoire Découvrir un pan parfois méconnu du patrimoine vivant valaisan: tel est le but d'un guide consacré aux orgues paru cette semaine. A travers un itinéraire, l'ouvrage invite le public à aller à la rencontre de 20 instruments qui balisent le territoire cantonal. «Nous avons de magnifiques témoins de près de 600 ans d'histoire de la facture d'orgue en Valais», raconte Raphaël Marclay, membre du comité de l'Association Orgue Bramois et parmi les initiateurs du projet. «Les orgues ne sont pas tous répertoriés, mais il y en a plus de 250 dans le canton. Il y a une densité extraordinaire d'instruments.» Si la Vallée de Conches dispose par exemple d'un nombre caractéristique de trésors baroques, le guide Les orgues en Valais: itinéraire d'un patrimoine vivant entend présenter la diversité des spécimens présents sur le territoire, en balayant l'ensemble des districts valaisans. Perché à plus de 2400 mètres d'altitude, l'orgue de l'église de l'hospice du Grand-Saint-Bernard dispose de la tribune la plus haute. A Chandolin, dans le Val d'Anniviers, il a été construit par un amateur éclairé. A Saint-Maurice? L'instrument est le plus grand du canton. La Basilique de Valère de Sion peut, elle, se targuer d'avoir l'orgue jouable le plus ancien du monde. Un objet complexe et coûteux «L'orgue n'est pas qu'une rangée de tuyaux. C'est un objet qui, à l'époque médiévale, était considéré comme le plus complexe et le plus coûteux, explique Maria Portmann, conservatrice cantonale des monuments historiques. C'est un patrimoine fixe dans les églises, mais qui fait voyager les gens à travers sa musique.» Et le guide, justement, a l'ambition de faire voyager. «L'idée est de proposer un itinéraire avec des orgues que l'on peut voir et entendre», souligne Raphaël Marclay, qui esrt également organiste à l'église de Bramois, dans la commune de Sion. Lire aussi: Une biennale qui mettra le Valais sons dessus dessous Ainsi, l'orgue de Blatten, qui faisait initialement partie des instruments sélectionnés dans le livre, a été retiré de la liste. Reste une photo légendée qui indique que l'orgue datant de 1994 a été détruit avec le village lors de l'éboulement du 28 mai 2025. «Nous avons décidé de conserver la photo. La documentation a été faite pour la Protection des biens culturels (PBC). Elle est essentielle en cas de catastrophe, car elle permet de restituer, voire de reconstruire ce qui est perdu ou endommagé, précise la conservatrice. Cela fait partie du travail discret que nous faisons pour le patrimoine bâti.» Fruit d'un travail interdisciplinaire Il s'agit aussi de documenter les termes techniques et de les expliquer au public de manière simple et efficace, selon Maria Portmann. Conçu dans une volonté de démocratisation, le guide contient photographies, textes explicatifs, plan de situation et relances numériques vers des capsules audio par le biais de codes QR. L'idée de créer un guide remonte à environ deux ans. Elle a germé dans l'esprit des membres de l'Association Orgue Bramois ou Association pour la sauvegarde de l'orgue de l'Ancien Hôpital-Asile de Sion. L'instrument, créé en 1963, a été déplacé et restauré dans l'église de Bramois en 2023. L'opération a été un succès et a suscité un enthousiasme contagieux, note Raphaël Marclay. C'était le point de départ du projet de guide. Coécrit par l'organiste Edmond Voeffray et l'historien Cyrille Fauchère, le livre est le fruit d'un travail interdisciplinaire qui a impliqué une dizaine de personnes. Il est publié par la Société d'histoire de l'art en Suisse (SHAS), en partenariat avec le Service immobilier et patrimoine (SIP) et l'Association Orgue Bramois. Le guide serait-il donc à l'image de l'orgue? Car comme le rappelle volontiers Maria Portmann, il s'agit bien «d'un instrument qui, de par sa configuration complexe, requiert les compétences de plusieurs personnes».