L’économiste mauritanien Sidi Ould Tah, élu président de la Banque africaine de Développement (BAD) le 29 mai 2025 lors des Assemblées annuelles de cette institution phare de financement, a pris officiellement fonction comme neuvième président lors d'une cérémonie d’investiture organisée, lundi à Abidjan en Côte d'Ivoire, pays siège de la Banque. Un moment historique marqué par la présence du Président ivoirien Alassane Ouattara et de son homologue mauritanien, Mohamed Cheikh El Ghazouani." Je prends l'engagement de respecter les dispositions de l'accord portant création de la Banque africaine de développement, de me conformer à ses règles, de m’acquitter de mes devoirs (...) avec loyauté, discrétion et conscience », a promis le Dr Sidi Ould Tah, devant les autorités statutaires de la Banque, notamment le président du Conseil des Gouverneurs, le ministre congolais de l’Economie, du Plan et de l’Intégration régionale, Ludovic Ngatsé, le Secrétaire général de l’institution financière, Vincent Nmelielle, plusieurs gouverneurs et administrateurs de la Banque.Le nouveau président de la BAD a tenu, dans son discours d’investiture prononcé à l’issue de sa prestation de serment, à remercier particulièrement le Président Ouattara : « Comment ne pas me tourner vers vous, pour vous exprimer ma profonde reconnaissance pour le rôle qui a été le vôtre dans le cheminement qui nous a conduit jusqu’à cet aboutissement (...). En plus de votre soutien, vos conseils et vos orientations ont été pour nous une source inépuisable d’inspiration. » M. Ould Tah a ensuite exprimé sa gratitude au Président de la République Islamique de Mauritanie, « pour les inlassables efforts déployés » en faveur de sa candidature. « Votre engagement personnel, a-t-il ajouté à l’endroit de M. Ghazouani, a suscité un fort engouement autour de cette candidature. Votre aura en Afrique et dans le monde a contribué à cet heureux aboutissement. Par votre remarquable leadership, vous avez su fédérer toutes les forces vives de Mauritanie, faisant ainsi de cette élection un grand moment d’unité nationale ».Les défis à relever par le nouveau patron de la BAD sont nombreux : les tensions géopolitiques et sécuritaires, la réduction de l'aide internationale au développement, le poids croissant de la dette et l'impact négatif du changement climatique, retard dans la technologie et le développement durable...Le Dr Ould Tah entend toutefois les relever, en travaillant avec toutes les parties prenantes (...) dans un esprit de concertation et de collégialité afin de poursuivre la mission qui nous unit : bâtir une Afrique robuste et prospère ».Une vision stratégique autour de 4 points cardinauxL’ère Ould Tah s’ouvre sous le signe de l’action et des réformes ambitieuses pour changer de dimension et franchir de nouveaux paliers de développement. Le nouveau président a ainsi été élu sous la bannière d’ « une vision stratégique affinée, fondée sur ce que j’appelle les Quatre points cardinaux. Ce nouveau cadre ne remplace pas l’initiative High 5; il en affine et en approfondit l’objectif en se concentrant sur des actions autour de quatre priorités interdépendantes, particulièrement urgentes dans le contexte actuel :Améliorer l’accès au capital : mobiliser les ressources financières de l’Afrique ; réformer et consolider les systèmes financiers, les institutions et les talents du continent pour affirmer l’action mondiale de l’Afrique ; exploiter la transformation démographique pour le développement économique ; construire des infrastructures résilientes au climat et une forte valeur ajoutée aux ressources naturelles. »« L’Afrique nous regarde, la jeunesse nous attend, le temps est à l’action », a lancé le président Ould Tah, impatient de repartir sur le terrain, là où les défis sont pressants. Alors qu’il entend ouvrir une large consultation en interne comme en externe avec les différentes parties prenantes, Etats, institutions, entreprises privées, société civile, intellectuels et médias, la prochaine reconstitution du Fonds africain de développement (FAD, guichet concessionnel où 37 Etats africains à faible revenu peuvent se financer loin des taux du marché) apparaît comme une urgence. La session d’annonces d’engagements au soutien du FAD-17 qui se déroulera en décembre 2025, suscite de fortes inquiétudes en raison des annonces de retrait de ce Fonds faites par la nouvelle administration américaine. Sur ce sujet aussi comme sur bien d’autres, le Dr Sidi Ould Tah entend faire de chaque défi une nouvelle opportunité pour l’Afrique.