Lors de la cérémonie officielle du Forum Africain sur les systèmes alimentaires (AFS), le président Bassirou Diomaye Faye a livré un diagnostic sans détour sur les paradoxes du continent en matière agricole. « Nous avons 60 % des terres arables, mais 64 % de ces terres ne sont pas cultivées. Nous disposons d’une jeunesse nombreuse et dynamique, et pourtant nous importons massivement notre nourriture alors que nous devrions nourrir le monde », a déclaré le chef de l’État qui répondait à la question de l'influenceur agricole, Djiboutienne, Fahima Mohamed Ismael. S’appuyant sur les projections démographiques qui annoncent 2,3 milliards d’habitants en Afrique d’ici 2050, dont 600 millions de jeunes de moins de 25 ans, le président sénégalais a souligné l’urgence d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et de transformer les systèmes agricoles. Mais pour lui, une question cruciale demeure : pourquoi les jeunes ne s’intéressent-ils pas à l’agriculture ? « Beaucoup ne considèrent pas, à tort, l’agriculture comme un secteur porteur. Pourtant, il peut être source de richesse et d’opportunités », a-t-il regretté. Bassirou Diomaye Faye a esquissé trois axes majeurs pour relever le défi agricole, il s'agit de la maîtrise de l’eau : investir dans les infrastructures hydrauliques pour permettre la culture tout au long de l’année, améliorer la gestion des intrants et accroître les rendements grâce à l’agriculture de précision. La digitalisation et la mécanisation : moderniser les techniques agricoles, introduire l’innovation et les outils numériques pour rendre le secteur plus attractif, notamment pour la jeunesse. L’accès au financement : instaurer un climat de confiance entre les banques et les jeunes agriculteurs, lever les barrières à l’installation et créer des débouchés sur les marchés locaux, régionaux et internationaux grâce à l’intégration dans les chaînes de valeur. Le président, qui se définit lui-même comme « agriculteur dans l’âme », a insisté sur la nécessité d’investir massivement dans la transformation des systèmes alimentaires. Selon lui, la force de travail existe, la terre aussi, mais c’est l’organisation, l’innovation et la confiance dans la jeunesse qui feront la différence. « Si ces jeunes produisent, ils trouveront des marchés pour écouler leurs produits, à commencer par la demande locale », a-t-il conclu, appelant à une mobilisation collective pour bâtir une agriculture africaine moderne, durable et compétitive. www.dakaractu.com