Finul au Liban: des Casques bleus français découvrent un bunker du Hezbollah à la veille d’un vote clé à l’ONU

Finul au Liban: des Casques bleus français découvrent un bunker du Hezbollah à la veille d’un vote clé à l’ONU

El Meri - Dans une vallée boisée, à quelques pas de la frontière israélienne, des Casques bleus français de l’ONU montrent aux journalistes de l’AFP un des nombreux bunkers du Hezbollah qu’ils viennent de découvrir dans le sud du Liban, ancien bastion du mouvement pro-iranien. Le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer jeudi sur une ultime prolongation d’un an du mandat de la Finul, la force de maintien de la paix déployée dans le sud du Liban, dont Israël et son allié américain réclament le départ. Cette mission fait le tampon entre Israël et le Liban depuis 1978 et surveille depuis plusieurs mois le désarmement du mouvement pro-iranien dans le sud du pays. «Ce matin, nous avons effectué une mission de reconnaissance dans cette vallée (...) et nous avons trouvé un bunker», déclare le capitaine Tanguy, commandant de l’escadron français de reconnaissance et d’intervention, qui a emmené mercredi les journalistes de l’AFP sur le site. Le bunker, accessible uniquement à pied et dont l’entrée est cachée parmi les arbres à la périphérie du village d’El-Méri, se situe à quelques kilomètres de la frontière avec Israël. «A l’intérieur, nous avons trouvé un canon d’artillerie de 152 mm de fabrication russe», ajoute-t-il. «Ce type de canon a une portée efficace d’environ 15 kilomètres. Et à côté, 39 boîtes étaient entreposées, chacune contenant un obus de 152 mm et sa fusée, prêts à être utilisés.» Depuis la fin de la guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien fin novembre 2024, la Finul a découvert 318 caches d’armes dans le sud du Liban, affirme à l’AFP le porte-parole de la force internationale, Andrea Tenenti. L’accord ayant mis fin à la guerre prévoit le retrait du Hezbollah et le démantèlement de ses infrastructures militaires dans le sud du pays, où la formation armée et financée par l’Iran avait construit un véritable réseau de tunnels et de bunkers. Seules l’armée libanaise et la Finul, forte de quelque 10.800 soldats, doivent être déployés dans le sud du Liban, mais Israël y a maintenu sa présence dans cinq points qu’il qualifie de «stratégiques». Dans le bunker, auquel on accède par une porte étroite, les munitions sont entreposées dans des caisses vertes en bois, dont certaines sont éparpillées à l’extérieur. Le capitaine Tanguy explique que les Casques bleus ont effectué une mission de reconnaissance sur le site car il avait été visé auparavant par l’armée israélienne. «La prochaine étape consistera pour nous à sécuriser la zone et informer l’armée libanaise pour qu’elle puisse intervenir et récupérer» ces armes, ajoute-t-il. Violations continues Le colonel Arnaud de Coincy, chef de corps de la Force Commander Reserve (FCR), explique que la Finul «va continuer à soutenir l’armée libanaise et lui fournir toute l’expertise» nécessaire afin de «l’aider à réinstaurer l’autorité de l'État dans le sud du Liban». Le Premier ministre libanais Nawaf Salam a révélé en juin que l’armée libanaise avait démantelé «plus de 500 positions militaires et dépôts d’armes» dans le sud du pays. Le 9 août, six soldats libanais ont été tués dans une explosion survenue lors d’une opération de déminage dans un dépôt d’armes appartenant au Hezbollah selon une source militaire. Les autorités libanaises ont à présent annoncé leur intention de désarmer totalement le Hezbollah sur l’ensemble du territoire libanais d’ici la fin de l’année. Cette décision a été annoncée sous forte pression des Etats-Unis, qui avec la France et l’ONU surveillent l’application du cessez-le-feu dans le sud. Le Conseil de sécurité doit se prononcer jeudi sur une ultime prolongation de cette force pour un an et son retrait en 2027, alors que le Liban, soutenu notamment par la France, souhaiterait son maintien au-delà de cette date. Le colonel de Coincy souligne que le rôle primordial de la Finul est de «surveiller et rapporter toute violation» de la trêve. Il s’exprime depuis un point frontalier, proche des villages dévastés et déserts de Kfar Kila et Bourj al-Moulouk, d’où on voit clairement l’un des cinq postes maintenus par Israël en territoire libanais. Selon le porte-parole de la Finul, Andrea Tenenti, les Casques bleus ont constaté depuis le 27 novembre «5.095 violations» par Israël, qui continue notamment de mener des frappes aériennes sur le Liban visant le Hezbollah. Laure AL KHOURY © Agence France-Presse

80 visages, 80 histoires. Laurent Paganelli : sa seule condition avant de signer à Canal + ? « Rester à Avignon ! »

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Pour le 80e anniversaire de notre journal, 80 personnalités témoignent de leur attachement à notre région. Ardéchois d’origine, avignonnais de cœur, L’ex-enfant prodige du foot français, éternel homme de terrain de Canal +, a trouvé sur l’île de la Barthelasse un cadre de vie préservé avec vue imprenable sur le Pont d’Avignon.

Alára: le concept-store qui veut révolutionner le luxe africain au Nigeria

Alára: le concept-store qui veut révolutionner le luxe africain au Nigeria

Lagos - Avec son architecture moderne, un cube rouge et noir, Alára, premier concept-store de mode et de décoration de luxe d’Afrique de l’Ouest, saute aux yeux dans le paysage de Lagos, la mégapole nigériane. Fondé il y a dix ans par la Nigériane Reni Folawiyo, il s’est imposé comme un temple de «l’afro-luxe». «Alára, c’est mon regard et ma vision de ce à quoi ressemble une célébration de l’Afrique», confie la femme d’affaires de 60 ans, lunettes de soleil aux verres roses sur le nez. Le bâtiment, qui reproduit les motifs de l’adire, un tissu traditionnel nigérian, incarne ce «jeu entre tradition et modernité» qui lui est cher et la boutique propose des créations mêlant designers africains et grandes marques occidentales, objets de décoration et livres. A l’intérieur, tout en sobriété chic, murs noirs et escalier en béton blanc, les créations s’affichent comme des oeuvres d’art, à des prix divers, mais hors de portée de l’immense majorité de la population nigériane, dont la moitié vit dans la pauvreté selon la Banque mondiale. Une robe verte de la marque nigériane Eki Kere s’affiche à 325.000 nairas (211 dollars) et côtoie une robe multicolore de la designer Onalaja à 2,3 million de nairas (1.500 dollars). Juste à côté, une poterie de la marque sud-africaine Sandile B Cele à 290.000 nairas est posée sur une table à 3 millions de nairas (2.000 dollars) du Salù Iwadi Studio sénégalo-nigérian. Avocate de formation, épouse du millionnaire Tunde Folawiyo et fille d’un éminent juriste, Lateef Adegbite, Reni Folawiyo est devenue au cours de la dernière décennie une figure incontournable du monde de la mode et du design en Afrique. Elle affirme avoir voulu créer un «outil», plus qu’une simple boutique, capable d’accroître la visibilité de l’afro-luxe au-delà de l’Afrique et de toucher un public plus large, après avoir «lutté» pour convaincre «ses partenaires de la pertinence de son projet», il y a plus de dix ans. Valoriser les créateurs et les savoirs-faire Son attrait pour la mode et le design puise ses racines dans sa culture yoruba, riche en tissus traditionnels, couleurs vives, bijoux symboliques et cérémonies fastueuses. Ses nombreux voyages à travers en Afrique l’ont également nourrie. Le Sénégal l’a marquée par son «design brut», la Côte d’Ivoire par «la sophistication» de son artisanat, et le sud-ouest du Nigeria, où elle a grandi, par «son énergie créative». «Beaucoup de belles choses que les personnes fabriquaient dans différentes régions d’Afrique n'étaient pas mises en valeur comme elles auraient dû l'être, selon moi», déplore-t-elle, ajoutant que leur richesse culturelle était souvent éclipsée par des objets venus d’autres continents. Au Nigeria, l’une des premières économies d’Afrique, où une élite de riches acteurs du pétrole et du gaz cohabite avec l’extrême pauvreté d’une grande partie de la population, l’entrepreneuse défend un luxe puisant sa richesse dans les savoirs-faire artisanaux. «Une grande partie de notre savoir-faire, de notre créativité et de notre héritage se trouve dans nos zones rurales», ajoute Reni Folawiyo. Derrière la boutique, située sur Victoria Island, un des quartiers les plus cossus de Lagos, Reni Folawiyo a installé NOK, un restaurant africain contemporain, dont la carte a été pensée par le chef sénégalais Pierre Thiam. Dépasser les frontières Et rien ne fait plus plaisir à celle que certains designers de Lagos ont surnommé «l’audacieuse» que quand des créateurs africains se font connaître hors du continent, lors d'événement prestigieux, notamment grâce à certaines stars de la musique nigériane jouant le rôle d’ambassadeurs. Lors du très select Met Gala à New York en mai dernier, les superstars de l’afrobeats Tems, Burna Boy et Ayra Starr étaient habillées par le créateur britannico-ghanéen Ozwald Boateng. Mme Folawiyo a entamé des collaborations avec des partenaires hors du continent comme le musée de Brooklyn ou le musée d’art du comté de Los Angeles, aux Etats-Unis. «Nous pensons qu'à l’heure actuelle, la meilleure façon de donner une visibilité aux designers en dehors de l’Afrique est de nouer des partenariats avec des institutions reconnues» et «repectées», explique-t-elle. Reni Folawiyo organise aussi des défilés de mode à l'étranger, comme le CARIFESTA XV, à la Barbade, fin août. Selon elle, l’avenir du luxe africain repose sur un équilibre entre «créativité», «structure solide» et «transmission des savoirs aux générations futures». Kadiatou SAKHO © Agence France-Presse